Zuckerberg au Congrès pour défendre Facebook
Mark Zuckerberg va se présenter devant les parlementaires américains avec pour objectif premier de défendre le modèle de Facebook face aux appels à un durcissement de la réglementation à la suite du détournement des données de dizaines de millions d’utilisateurs.
Le réseau social est en pleine tourmente depuis qu’un lanceur d’alerte a révélé mi-mars que les données de 50 millions de ses utilisateurs avaient été détournées au profit de Cambridge Analytica, un cabinet britannique de conseil politique ayant notamment travaillé pour Donald Trump lors de la dernière campagne présidentielle aux Etats-unis. Le 4 avril, Facebook a lui-même revu à la hausse le nombre d’utilisateurs affectés, à 87 millions.
A cela s’ajoutent les soupçons d’utilisation du réseau social par la Russie pour peser sur l’élection présidentielle américaine.
Mark Zuckerberg sera auditionné mardi lors d’une séance conjointe des commissions sénatoriales de la Justice et du Commerce et, mercredi, par la commission de l’energie et du Commerce de la Chambre des représentants.
Il est très peu probable que le Congrès américain adopte de nouvelles lois encadrant l’activité de Facebook et des autres sociétés internet, à la fois en raison d’un manque de volonté politique et de l’intense pression des entreprises technologiques. En outre, peu de parlementaires semblent prêts à se plonger dans la complexité des problèmes techniques en jeu.
Bill Nelson, chef de file démocrate à la commission du Commerce du Sénat, s’est prononcé lundi en faveur d’une nouvelle réglementation face aux différents scandales concernant Facebook mais il a dit ne rien attendre de concret de cette audition en raison notamment du temps de parole réduit des sénateurs. «Comment peut-on demander à 44 sénateurs d’effectuer une audition riche en contenu alors que chaque sénateur ne dispose que de quatre minutes?», a-t-il déclaré à la presse.
Priée de dire si une nouvelle réglementation était nécessaire, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a répondu: «Je n’ai pas d’annonce politique précise sur ce point mais je pense que nous attendons tous avec impatience ce témoignage.»
Les républicains, traditionnellement contre toute forme de régulation des entreprises, ne sont pas convaincus que cela soit une nécessité pour les groupes technologiques.
«Je ne veux pas pénaliser Facebook. Je ne veux pas le réglementer jusqu’à ce qu’il soit à moitié mort», a déclaré le sénateur républicain de Louisiane John Kennedy, membre de la commission de la Justice. «Mais nous avons un problème. Notre utopie numérique promise est un champ de mines».
Selon des organisations de défense de la vie privée, de puissants groupes de pression se dressent contre tout effort de réglementation.
En 2011, les dépenses de Facebook en matière de lobbying étaient de 1,35 million de dollars (1,09 million d’euros); six ans plus tard, ce chiffre a été porté à 11,5 millions de dollars, selon les données conservées par le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant basé à Washington surveillant le financement de la vie politique américaine.