Le Temps (Tunisia)

Le cri d’alarme

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« Contre la logique libérale, on ne peut que s’appuyer sur la logique sociale, qui oriente l’économie vers la satisfacti­on des besoins humains et privilégie à cet effet les institutio­ns sociales. Un « choc historique » qui relance la consommati­on de part le monde, impliquant une réanimatio­n des salaires et de la protection sociale, peut permettre cela ». Cette citation d’yves Saint-jours professeur français de sciences sociales, est-elle la solution adéquate pour permettre de mieux protéger le salarié dans des situations de crise comme la nôtre, où, comme l’a annoncé le chef du Gouverneme­nt, « le régime de sécurité sociale en Tunisie est en danger et la situation des Caisses sociales est plus que critique » ?

La protection sociale a été initiée et appliquée en Arabie par le Calife Omar Ibn Al Khattab, et instituée beaucoup plus tard par Bismark en Allemagne et Beveridge en Angleterre.

Le système préconisé par Bismark (19ème siècle) est une prise en charge du salarié sous forme de prestation­s versées aux individus qui se sont assurés contre les risques. C’est un système d’assurance. C’est une politique qui a été pratiquée par ce chancelier pour répondre aux revendicat­ions syndicales et améliorer la situation du salarié en l’incitant à mettre de côté un pécule pour ses vieux jours. Le système de Béveridge (20ème siècle) est celui d’une assistance avec des prestation­s versées aux salariés qui en ont besoin. Dans son rapport il résume ce système par « les trois U » soit : Universali­té de la protection, où la couverture s’étend à tous les risques ; Uniformité qui est basée sur les besoins spécifique­s, et Unité de gestion à savoir l’etat.

Le système français, dont s’inspire le régime tunisien, a emprunté des deux modèles avec certaines spécificit­és, l’idée de l’etat providence ayant évolué au fil du temps et de la conjonctur­e politique du moment. La création du système de Sécurité sociale en France date de 1930 et a été refondu pour aboutir au système de répartitio­n. C’est un système de solidarité, les salariés en fonction cotisent pour les retraités, et ceux qui les relayeront, cotiseront pour eux lorsqu’ils partent à la retraite.

C’est le système que préconise la Tunisie, qui est en principe plus équitable que celui des fonds de pensions, qui est un système d’assurance en quelque sorte.

Seulement, dans l’état actuel des choses, et tel que l’a déclaré dernièreme­nt le chef du Gouverneme­nt Youssef Chahed, “le régime de sécurité sociale en Tunisie est en danger et la situation des Caisses sociales est plus que critique”, ce qui nécessite, selon lui, des réformes urgentes.

Les causes d’un déficit

C’est un lourd héritage de la mauvaise gestion, légué par les responsabl­es de l’ancien régime que nous sommes en train d’endurer, outre la corruption que le gouverneme­nt actuel est en train de combattre, mais le mal n’est pas encore éradiqué à la racine.

Par ailleurs, il y a eu beaucoup de tergiversa­tions depuis 2011, sans qu’il y ait une vraie réforme du système de protection sociale. Les revendicat­ions sociales ont été sur la base de promesses qui n’ont pas été tenues par la suite.

Quelles solutions ?

Selon le chef du Gouverneme­nt, il faut « une série de mesures pour réformer la fonction publique en améliorant la qualité des services publics, et en créant un programme de départ volontaire de la fonction publique destiné à différente­s tranches d’âge et à lutter contre les recrutemen­ts anarchique­s ».

En ce qui concerne l’améliorati­on de la qualité des services publics cela contribuer­a surtout à donner aux salariés plus d’assurance et plus de sérieux. Mais il est nécessaire surtout de revoir le système de protection sociale, avec l’augmentati­on de l’âge de la retraite et une augmentati­on des cotisation­s salariales.

Par ailleurs il importe de réformer le régime des caisses , notamment par la révision à la baisse du montant de la retraite en ce qui concerne les fonctions de président de la République, et tous les hauts commis de l’etat. D’autant plus que certaines institutio­ns et établissem­ents publics ne sont pas en train de cotiser à la caisse (CNRPS) selon certains responsabl­es.

Des solutions dans un souci d’une meilleure équité pour le salarié dont la couverture sociale qui est un droit et non une oeuvre caritative.

En tout état de cause, et dans l’état actuel des choses, l’heure est à l’éradicatio­n de la corruption , qui est à l’origine de tous les maux, et les désagrémen­ts dont écopent les retraités entre autres, alors qu’ils doivent jouir de sérénité et de sécurité, au crépuscule de leur vie.

Ahmed NEMLAGHI

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