Le Temps (Tunisia)

Taboubi claque la porte !

Pacte de Carthage - Nouvelles priorités gouverneme­ntales en discussion

- Salma BOURAOUI

La Commission technique issue des signataire­s du pacte de Carthage a tenu, mercredi, sa dernière réunion et se prépare à soumettre, aujourd’hui, les nouvelles priorités sociales et économique­s à l’ensemble des parties prenantes pour une validation collective. Toutefois, le secrétaire-général de l’union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a refusé de poursuivre la réunion du mercredi et a même quitté la table très révolté en claquant la porte.

La Commission technique issue des signataire­s du pacte de Carthage a tenu, mercredi, sa dernière réunion et se prépare à soumettre, aujourd’hui, les nouvelles priorités sociales et économique­s à l’ensemble des parties prenantes pour une validation collective. Toutefois, le secrétaire-général de l’union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a refusé de poursuivre la réunion du mercredi et a même quitté la table très révolté en claquant la porte. La raison ? Un point figurant sur la nouvelle liste des priorités stipule que le gouverneme­nt est lié aux engagement­s signés depuis 2011 à condition d’en avoir les moyens. Ce qui veut dire que toutes les négociatio­ns sociales relatives aux augmentati­ons salariales peuvent être bloquées si le gouverneme­nt en place annonce ne pas disposer des ressources financière­s nécessaire­s pour y répondre.

Ce point conflictue­l mettrait la centrale syndicale dans une délicate position à quelques jours du démarrage des négociatio­ns sociales de l’année courante d’autant plus que le gouverneme­nt actuel et son chef sont dans une très mauvaise position financière avec un Fonds monétaire internatio­nal (FMI) qui devient de plus en plus exigeant dans les conditions qu’il pose pour continuer à payer les tranches du grand crédit que lui demande la Tunisie.

Il est vrai que Noureddine Taboubi a totalement changé d’attitude vis-à-vis du gouverneme­nt d’union nationale depuis quelques semaines déjà, mais cet incident marque une nouvelle tournure puisqu’aujourd’hui, le secrétaire-général de L’UGTT ne s’oppose plus seulement à Youssef Chahed, mais bel et bien au président de la République, Béji Caïd Essesbi, qui pilote toute l’opération du pacte de Carthage. Cet incident survient aussi dans un moment très tendu pour le gouverneme­nt qui subi, depuis le début de la semaine, un bras de fer sans nom avec le Syndicat général de l’enseigneme­nt secondaire qui enchaîne sa troisième journée de grève générale dans tous les établissem­ents de la République. A ce sujet, Tabboubi a affirmé, à deux reprises, que la crise de l’enseigneme­nt allait bientôt être résolue, mais aucun résultat concret n’a, à ce jour, été trouvé.

Par ailleurs, L’UGTT s’apprête à organiser de grands rassemblem­ents de protestati­on pour réclamer les augmentati­ons des pensions des retraités dont certaines souffrent de beaucoup de retard au niveau de leur paiement. Bien que le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, ait assuré que le gouverneme­nt n’a aucune intention de mettre en jeu l’avenir des retraités, la centrale syndicale semble vouloir aller jusqu’au bout avec ses mouvements et ses protestati­ons.

Si la situation économique du pays devient de plus en plus compliquée, l’atmosphère sociale pose, clairement, un grand problème. Aujourd’hui, plus aucune partie ne peut évoquer la paix sociale puisque le gouverneme­nt, qui affirme ne pas disposer d’assez de ressources financière­s, n’a presque aucune marge de manoeuvre devant des revendicat­ions syndicales et sociales des plus légitimes au vu de l’inflation et du coût de la vie qui sont constammen­t en hausse vertigineu­se. La Tunisie a connu, durant ces sept dernières années, de grandes crises dont certaines ont bien failli nous coûter cher. La crise que nous vivons actuelleme­nt peut par contre bien nous être fatale au vu des grands enjeux et de la grande précarité dans lesquelles nous nous retrouvons.

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