Fronts multiples et convergences des luttes
Près de 120 000 personnes ont défilé un peu partout en France. Objectif : la « convergence des luttes » face aux réformes du président Macron. Cheminots, fonctionnaires, retraités, étudiants ont défilé dans plus de 130 manifestations sur le territoire. La mobilisation, en baisse par rapport à celle du 22 mars, a été notamment marquée par quelques heurts dans le cortège parisien. Tôt hier matin, le blocage de l’université de Tolbiac a été levé par une intervention de police.
Au total, 119 500 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l’intérieur, à l’appel de la CGT et de Solidaires. De son côté, la CGT, qui a comptabilisé près de 190 mobilisations sur le territoire, a recensé 300 000 manifestants. C’est moins que lors de la dernière journée de mobilisation des cheminots et fonctionnaires du 22 mars, où le syndicat avait annoncé 500 000 manifestants et la police 323 000.
Divergences syndicales
Une convergence des luttes pour faire plier l’inflexible gouvernement et le président Macron qui, lui, a parlé de « l’impossible coagulation ». Sauf que la CFDT ne croit pas à la convergence. Comme FO, celui qui est devenu l’an dernier le premier syndicat de France n’a pas appelé à se joindre à cette manifestation commune jeudi. Une situation que déplorent certains manifestants. Tout comme Jean-pierre, Didier, enseignant et militant FSU, plaide pour l’unité des luttes et des syndicats. « J'étais prof D'EPS, spécialisé dans les sports collectifs. J'ai toujours appris que quand l'équipe était au complet, on était toujours plus fort que quand on jouait chacun de son côté. Syndicalement parlant, c'est exactement la même problématique. » La CFDT et Force ouvrière sont opposés à l’idée d’une convergence des luttes. Pourtant, Benjamin, cheminot et militant FO, n’a pas hésité à venir. « De toute façon, à un moment donné, il faut qu'il y ait un maximum de monde dans la rue quelle que soit l'organisation syndicale, des travailleurs, des retraités, etc. » Mais pour Maxime, informaticien, engagé et non syndiqué, les enjeux vont bien au-delà des positions des syndicats. « J'ai l'impression qu'il y a un côté politique politicienne, même au sein des syndicats. C'est peut-être que ça me dépasse. Mais moi, en tant que citoyen, y a un truc simple que je comprends : c'est que dans plein de domaines, ça ne va pas du tout et l'idée c'est de converger vers quelque chose de mieux dans la société. »
Heurts dans le cortège parisien
Dans le cortège parisien, c’est en tout cas bien au nom de la convergence des luttes et sous le slogan de « solidarité avec les cheminots » que les manifestants ont défilé jeudi. Certains sont même venus en vélo. « On est venu à 16 vélos, explique Karim, facteur des Hauts-de-seine en banlieue parisienne. On pédale pour les cheminots et les étudiants, on fait une convergence. Si eux ils perdent, on a perdu. »
Guy a usiné des pièces d’avion toute sa vie. Malgré la division syndicale, cet ancien de la métallurgie distribue le journal du Parti communiste français. A la Une, « La lutte des cheminots est la nôtre ». Guy croit au rassemblement. « Y'a FO et puis surtout la CFDT qu'on ne voit pas beaucoup. Mais enfin, sur d'autres revendications, ça converge, si si ! »