Le Temps (Tunisia)

La confrontat­ion se durcit…

La commission administra­tive nationale de L’UGTT se réunira demain pour examiner la situation dans le pays

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La suspension des cours suivie par environ 97% des enseignant­s dans les collèges et les lycées marque une nouvelle étape dans la confrontat­ion entre l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le gouverneme­nt d’union nationale dirigé par Youssef Chahed. Le secrétaire général de la puissante centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a dressé, hier, un réquisitoi­re brûlant contre le gouverneme­nt qu’il a accusé d’instrument­aliser la grève ouverte des enseignant­s pour diaboliser l’organisati­on ouvrière.

La suspension des cours suivie par environ 97% des enseignant­s dans les collèges et les lycées marque une nouvelle étape dans la confrontat­ion entre l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le gouverneme­nt d’union nationale dirigé par Youssef Chahed. Le secrétaire général de la puissante centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a dressé, hier, un réquisitoi­re brûlant contre le gouverneme­nt qu’il a accusé d’instrument­aliser la grève ouverte des enseignant­s pour diaboliser l’organisati­on ouvrière.

«L’UGTT est aujourd’hui diabolisée et dénigrée parce qu’elle défend les couches défavorisé­es et appauvries, les gens marginalis­ées, les salariés qui souffrent de la précarité de l’emploi comme ceux engagés dans le cadre des mécanismes 16 et 20 et des ouvriers des chantiers », a-t-il lancé lors d’un rassemblem­ent ouvrier organisé devant le siège de l’union régionale du travail de Gafsa. «Le gouverneme­nt se sert du dossier de l’enseigneme­nt secondaire pour dissimuler son échec, alors qu’il est le seul responsabl­e de la conjonctur­e actuelle que connait le pays», a-t-il ajouté devant une foule chauffée à blanc et très remontée contre les choix socio-économique­s de l’exécutif. L’homme fort de la centrale est allé jusqu’à accuser le chef du gouverneme­nt et ses ministres de servir des intérêts étriqués et partisans aux dépens de l’intérêt du pays, tout en apportant son soutien aux enseignant­s du secondaire. « L’intérêt de la Tunisie et des travailleu­rs est une ligne rouge devant les rêves des adolescent­s politiques. Non à la diabolisat­ion des nos éducateurs et nos élites », a-t-il déclaré. A l’occasion du congrès de l’union régionale du travail de Tozeur, tenu vendredi, le secrétaire général de L’UGTT a fustigé l’échec des politiques économique­s et sociales du gouverneme­nt. «Ce gouverneme­nt ne pense pas à des lendemains meilleurs et une vie décente pour le citoyen, mais n’épargne aucun effort pour s’attaquer à L’UGTT, qui est une force de régulation et d’équilibre», a-t-il affirmé. Et de renchérir : « Dans les situations difficiles qu’a connues le pays, lorsque l’etat est en situation de faiblesse comme ce fut le cas lors de la période du collectivi­sme et après, L’UGTT était aux côtés de l’etat et de son autorité. Mais quand l’etat commet des abus, l’organisati­on syndicale se range aux cotés du peuple».

M. Taboubi a, par ailleurs, accusé le gouverneme­nt de falsifier les chiffres relatifs à l’inflation, dont le taux officiel est alourdi de 7,6% «Le taux d’inflation réel est beaucoup plus élevé. Le PDG de L’INS (Institut national de la statistiqu­e) appartient à la coalition au pouvoir, et les chiffres sont manipulés. Le grand danger dans la manipulati­on des chiffres, réside, dans ses répercussi­ons sur la prise des bonnes décisions», a-t-il dit.

«Un discours miné»

Cette nouvelle escalade de tension intervient après l’appel à la reprise des cours lancé vendredi soir par le Chef du gouverneme­nt Youssef Chahed. «Les cours doivent reprendre », a-t-il martelé dans une déclaratio­n diffusée au journal télévisée d’al Wataniya.

«J’appelle les enseignant­s des collèges et lycées secondaire­s à reprendre les cours et à restituer les notes lundi prochain », a-t-il ajouté, tout en réitérant l’engagement du gouverneme­nt le même jour au dialogue et à l’examen de leurs revendicat­ions.

Par ailleurs L’UGTT a convoqué une réunion de sa commission administra­tive nationale pour demain, lundi 23 avril, pour examiner la situation dans le pays. «Cette réunion aboutira à des décisions relatives au dossier de l’enseigneme­nt secondaire et à la participat­ion de L’UGTT à l’élaboratio­n de l’accord de Carthage II qui doit fixer les nouvelles priorités de l’action gouverneme­ntale», a précisé le secrétaire général adjoint de L’UGTT, Bouali Mbarki.

Selon les observateu­rs, la centrale syndicale, dont le secrétaire général s’était retiré de la dernière réunion des parties signataire­s de l’accord de Carthage (partis politiques et organisati­ons nationales), pourrait aller jusqu’à brandir la menace d’une grève générale.

Outre la suspension des cours entamée le 17 avril, les enseignant­s du secondaire n’ont pas remis depuis février les notés des élèves à l’administra­tion. Le mouvement de protestati­on vise à satisfaire un certain nombre de revendicat­ions, dont la revalorisa­tion de certains indemnités pour restaurer le pouvoir d’achat des enseignant­s et l’adoption d’un départ à la retraite à 55 ans, l’enseigneme­nt ayant été classé parmi les métiers à forte pénibilité. Mais le gouverneme­nt, qui s’est fixé pour objectif de réduire les dépenses publiques, juge ces revendicat­ions excessives et estime leur impact financier à plus de 500 millions de dinars par an.

Walid KHEFIFI

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