Le Temps (Tunisia)

Fin des essais nucléaires

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La Corée du Nord a annoncé, hier, qu’elle allait geler ses tests nucléaires et balistique­s et fermer son principal site d’essais nucléaires. Cette déclaratio­n surprise s’inscrit dans le cadre d’intenses efforts diplomatiq­ues pour la dénucléari­sation du régime. De quoi jeter les bases d’une paix durable, avant les sommets prévus entre Kim Jong-un et ses homologues sud-coréen et américain ?

Article mis à jour au fil des dernières réactions internatio­nales

Pyongyang poursuit sa politique de rapprochem­ent. Le régime a annoncé l’arrêt immédiat de ses tests nucléaires et tirs d’essai de missiles balistique­s interconti­nentaux, mais aussi le démantèlem­ent du site d’essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord du pays. C’est là que le royaume ermite a effectué ses six tests nucléaires, dont le dernier - le plus puissant en septembre 2017.

Vu de Séoul, il s’agit d’une avancée majeure pour l’apaisement des tensions sur la péninsule, relate notre correspond­ant dans la capitale sud-coréenne, Louis Palligiano. « La décision de la Corée du Nord est un progrès significat­if vers la dénucléari­sation de la péninsule coréenne, que souhaite le monde entier », a déclaré hier le bureau du président Moon Jae-in. Moins d’une semaine avant le sommet rarissime qui va réunir les leaders des deux Corées, Séoul voit dans cette initiative du Nord les fondations d’un environnem­ent très favorable pour le succès des prochains rendez-vous intercorée­ns et entre la Corée du Nord et les Etats-unis. D’autant que lors de la session plénière du Parti du travail, ce vendredi, Pyongyang a laissé entrevoir une nouvelle ligne politique.

Le régime des Kim souhaite en effet se focaliser désormais sur le rétablisse­ment de son économie, minée par l’alourdisse­ment des sanctions internatio­nales suite à ses provocatio­ns nucléaires et balistique­s. En se tournant vers la diplomatie et en annonçant l’arrêt de son développem­ent militaire, Kim Jong-un chercherai­t autant que possible à faire impression en tant que chef d’un Etat « normal ».

Le Japon veut « l’abandon définitif » de ces armes

Le scepticism­e reste néanmoins palpable de l’autre côté de la frontière. Le principal parti d’opposition sud-coréen a affirmé que cette promesse demeurait loin de l’objectif d’une dénucléari­sation « complète, vérifiable et irréversib­le ». De nombreux observateu­rs estiment que l’annonce de l’arrêt des essais n’est pas significat­ive, étant donné que la Corée du Nord dispose déjà d’armes nucléaires. L’engagement de Pyongyang est insatisfai­sant, estime d’ailleurs le ministre japonais de la Défense, Itsunori Onodera. La Corée du Nord n’a pas mentionné « l’abandon de missiles balistique­s de courte et moyenne portée », remarque-t-il. Or, notre correspond­ant à Tokyo,frédéric Charles, rappelle qu’une centaine d’entre eux sont tournés vers Osaka et la capitale de l’archipel nippon.

Le Japon a déjà été survolé au moins à deux reprises par des missiles balistique­s nord-coréens. Il ne croit pas en la volonté de la Corée du Nord de renoncer à de tels engins, ni à la bombe atomique. Itsunori Onodera assure que Tokyo ne modifiera pas sa politique de pressions jusqu’à « l’abandon définitif d’armes de destructio­n massive, armes nucléaires et missiles ».

D’autant que Kim Jong-un est clair : si les essais

sont amenés à cesser à partir du 21 avril prochain, c’est parce que « le caractère opérationn­el des armes nucléaires a été vérifié, il n’est plus nécessaire pour nous de mener des essais nucléaires ou de lancer de missiles à moyenne et longue portée ou ICBM », a-t-il dit lors d’une réunion du comité central de son Parti.

Le Japon ne veut pas être le « dindon » des discussion­s

Du point de vue nippon, dans l’éventualit­é d’un accord avec Donald Trump, Kim Jong-un serait prêt à renoncer à frapper des villes américaine­s avec des missiles de longue portée. Mais il se réserverai­t le droit de continuer à menacer les villes japonaises avec des missiles de courte portée. Tokyo craint que Donald Trump s’assure en priorité que les villes américaine­s ne soient pas menacées.

Quitte à sacrifier la sécurité des villes japonaises ? C’est la question qui se pose au Japon. Aux termes du traité de sécurité nippo-américain, les Etats-unis doivent en effet défendre simultaném­ent les villes américaine­s et japonaises en cas de conflit. Pour rappel, l’archipel du Japon abrite les plus grandes bases américaine­s en dehors des Etats-unis, notamment sur l’île d’okinawa Honto.

Sous le règne de Kim Jong-un, arrivé au pouvoir en 2011 à la mort de son père, le programme nucléaire nord-coréen a enregistré des progrès très rapides qui pourraient effectivem­ent lui avoir permis, selon de nombreux spécialist­es, de se doter d’un arsenal nucléaire et balistique. L’année dernière, le régime est de fait parvenu à tirer des missiles interconti­nentaux capables d’atteindre les Etats-unis.

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