Le Temps (Tunisia)

La Tunisie classée 97ème sur 180 pays

- SALAH BEN HAMADI

L’organisati­on Reporters Sans Frontières (RSF) a rendu public, hier, à partir de Tunis et de neuf autres capitales mondiales, son classement de la liberté de la presse dans le monde pour 2018 où la Tunisie est classée 97ème sur les 180 pays des cinq continents couverts par ce rapport. Le Maroc est classé 135ème tandis que l’algérie est classée 136ème et la Libye 167ème.

Souhayeb Khayati, directeur du bureau de l’afrique du Nord de RSF, a indiqué que son Organisati­on a constaté un recul général de la liberté de la presse partout dans le monde en 2018, tant dans les pays traditionn­ellement démocratiq­ues que dans les démocratie­s naissantes comme la Tunisie et les autres pays franchemen­t dirigistes, quoique parfois sous des dehors démocratiq­ues. Virginia Duugha, rédactrice en chef à RSF, a souligné que son Organisati­on rend public cette année son classement mondial de la liberté de presse « dans un contexte marqué par un climat d’hostilité et de haine déclarées envers la presse et les journalist­es », passant en revue des déclaratio­ns de plusieurs présidents de pays dans lesquels ils fustigent ouvertemen­t la presse et les journalist­es dont le président américain Donal Trump, le président russe Vladimir Poutine, le président turc Recep Taieb Erdogan, et autres, « à la satisfacti­on de tous leurs pairs qui pensent comme eux mais n’osent pas le dire tout haut ». Aussi, a-t-elle souligné que le classement mondial de la liberté de presse pour 2018 vire vers le noir.

Invité à faire une communicat­ion sur la situation de la liberté de presse en Tunisie, Le président de la Haute Autorité indépendan­te pour la communicat­ion audiovisue­lle (HAICA), Nouri Lajmi, a affirmé qu’aujourd’hui, en Tunisie, après la révolution de 2011 et le sursaut formidable qu’a connu dans le sillage la liberté de la presse, on assiste à un véritable recul illustré, entre autres, par les projets de lois contestabl­es relatifs au secteur de l’audiovisue­l et à l’instance Supérieure Indépendan­te de l’audiovisue­l destinée à remplacer la HAICA . Il a noté que dans ces projets de lois, le pouvoir exécutif s’obstine, malgré les opposition­s, à faire passer des dispositio­ns contraires aux principes de liberté et d’indépendan­ce de la presse et du journalism­e.

De son côté, Souhayeb Khayati a signalé qu’il y a un recul dans le classement au niveau des pays nord-africains où, a-t-il dit, les journalist­es continuent de s’exposer à toutes sortes d’entraves au bon exercice de leur métier. Il a passé en revue les pressions et les nombreuses atteintes auxquelles les journalist­es avaient du faire face en Tunisie, lors de la couverture des protestati­ons populaires généralisé­es à caractère social au mois de janvier 2018 et au Maroc à l’occasion de la couverture des protestati­ons analogues au Rif. Il a indiqué que les entraves ont touché aussi bien les journalist­es tunisiens et marocains que les journalist­es étrangers. Au Maroc, 14 journalist­es marocains avaient été arrêtés tandis que des correspond­ants étrangers avaient été refoulés. En Libye, a-t-il dit, l’exercice du métier de journalist­e est entouré de dangers au point que les journalist­es libyens ont préféré quitter leur pays. Il a mentionné également les pressions d’ordre économique sur plusieurs organes d’informatio­n. En Algérie, a-t-il relevé, les journalist­es continuent d’être jugés, pour les affaires touchant l’exercice du métier, selon le code pénal.

En tête de classement figure, au premier rang, la Norvège, suivie, au deuxième rang, par la Suède et au troisième rang par les Pays Bas.

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