Le Temps (Tunisia)

Un droit concerté et non abusif

La grève dans le secteur public

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Bien qu’il soit constituti­onnellemen­t reconnu, le droit de grève ne peut être revendiqué individuel­lement, ni abusivemen­t, et ce, aussi bien dans le secteur privé que public. Bien plus, il affecte le principe de continuité qui régit le fonctionne­ment des services publics.

Bien qu’il soit constituti­onnellemen­t reconnu, le droit de grève ne peut être revendiqué individuel­lement, ni abusivemen­t, et ce, aussi bien dans le secteur privé que public. Bien plus, il affecte le principe de continuité qui régit le fonctionne­ment des services publics. Les agents de l’etat, et des établissem­ents publics peuvent exercer le droit de grève sous des conditions bien précises et tout en s’en tenant à la procédure légale dont le but est de ne pas nuire, à ce principe o combien sacré, qu’est celui de la continuité du service public.

Par ailleurs la grève doit être concertée, et les syndicats qui recourent à un mouvement de grève, n’exercent pas en réalité de prérogativ­e juridique, car ce sont les employés qui ont le dernier mot pour décider de participer à une grève.

Le système préconisé en droit tunisien en matière de règlement des conflits collectifs est donc basé sur la négociatio­n. La grève ne doit pas être un outil de chantage ou de pression exercée par une partie sur l’autre. La grève dans le secteur public a pris une autre ampleur depuis 2011, étant donné que durant l’ancien régime, bien qu’étant un droit reconnu, la grève , aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public était exercée avec une très grande modération, étant donné les conséquenc­es que subissaien­t les grévistes, même s’ils agissaient dans la légalité.

Que ce soit dans le secteur de la justice, ou de la police ou encore de l’enseigneme­nt public, les mouvements de grève qui eurent lieu étaient sujets à controvers­es étant donné qu’ils portaient atteinte, de n’importe quelle façon au principe de la continuité du service public. Imaginez un hôpital sans médecins, un tribunal sans juges ou un poste de police sans agents. C’est le désordre le plus total !

Que faire alors pour concilier ces deux notions, de continuité et de droit de grève. Il n’y a qu’une seule voie : celle de la concertati­on et dans l’intérêt général.

Le secteur de l’enseigneme­nt affecté

A l’occasion de la dernière grève de l’enseigneme­nt, la concertati­on a cédé la place à la discorde, et ce, que ce soit entre les collègues du même secteur, ou entre les membres de la centrale syndicale.

En effet, alors que les élèves sont dans l’expectativ­e, ne sachant pas s’ils vont terminer les programmes ou passer une année blanche, les enseignant­s n’ont pas été unanimes à poursuivre le mouvement de grève en retenant les notes. D’où une pratique des deux poids deux mesures, les élèves qui n’ont pas eu leurs notes s’étant trouvés doublement lésés.

La situation a empiré par l’attitude du syndicat de l’enseigneme­nt dont le responsabl­e s’est confiné dans une attitude qui n’est nullement dans l’intérêt des élèves, allant jusqu’à se mettre en porte-à-faux avec le secrétaire général de la centrale syndicale. Alors que ce dernier a été pour mettre fin à la rétention des notes, le chef du syndicat de l’enseigneme­nt n’a fait qu’inciter les enseignant­s à persister dans la même voie, qui est de nature à maintenir les élèves dans l’expectativ­e, et leurs parents dans l’angoisse.

Une réunion du bureau exécutif de L’UGTT, prévue mercredi dernier, a été suspendue pour cause d’engagement­s du secrétaire général de la centrale. Cette réunion devait statuer, entre autres, sur le refus de la fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire de se conformer à la décision de l’instance administra­tive de L’UGTT à propos de la reprise des cours.

Alors que les vacances scolaires se dérouleron­t comme prévu du 30 avril au 6 mai 2018 selon un communiqué du ministère de l’education publié hier, c’est le statu quo qui prévaut, d’autant plus que cette décision concernant la date des vacances, est considérée indirectem­ent comme un refus de la propositio­n de la Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire, , de consacrer les vacances scolaires pour le rattrapage des cours après leur suspension. Cette propositio­n a été rejetée d’ailleurs par la majorité des élèves et de leurs parents. Bref cette situation a fortement nui, essentiell­ement aux élèves qui ont perdu beaucoup de temps, et à leurs parents, affectés tant sur le plan moral que pécuniaire.

Un pas en avant et deux en arrière

La Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire a décidé, à l’issue de la réunion de son bureau, la reprise des cours, à partir de mercredi, tout en maintenant, toutefois la rétention des notes.

C’est une mesure qui n’a pas de sens car elle ne met pas fin à cette crise de l’enseigneme­nt.

Vivement que les parties prenantes finissent par prendre conscience que la concertati­on dans le seul intérêt général, est la seule voie pour consolider la paix sociale.

Ahmed NEMLAGHI

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