Le Temps (Tunisia)

Le film "Augustine, fils de Ses Larmes" ouvre le cycle de projection­s des longs-métrages de fiction

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Dans le périple et les leçons de vie et de sagesse de Saint Augustine, ce philosophe, théologien chrétien et évêque d’origine Berbère et punique, il y'a toujours une leçon à tirer qui serait valable pour notre époque à travers un parcours quelque part assez similaire.

Une similitude qui se rapporte de cette quête de vérité et de soi, cette sagesse et sensibilit­é extrême et cette relation de l’être avec ses origines mais aussi avec le sacré et l'idéologiqu­e.

De l’histoire ancienne de Saint Augustine et sa vie mouvementé­e, étalée de 354 à 430, -rythmée par ses aller-retours entre son village natal Thagaste (l’actuelle ville de Souk Ahras en Algérie), Carthage et Rome-, s’est inspiré le scénariste de la fiction cinématogr­aphique "Augustine, fils de Ses Larmes" pour faire un retour agrémenté de flashbacks sur un périple pas comme les autres.

Cette oeuvre cinématogr­aphique a ouvert mardi soir, le cycle de projection­s des longs-métrages de fiction en compétitio­n pour le Prix de la critique au 13ème Festival Internatio­nal du Film Oriental de Genève (FIFOG) durant laquelle concourent sept films dont trois tunisiens. Fawzi Dabbour producteur du film a été présent ainsi que le prêtre suisse Philippe de Roten de l'église Saint Paul à Genève qui a donné son avis en tant que de Docteur en théologie, aux débats à l'issue de la projection.

Ce film est une coproducti­on tuniso-algérienne de "Light House Arab and World", du Centre national du cinéma et de l'image (CNCI), "CTV Production" Tunisie et du Centre algérien de développem­ent du cinéma (CADC).

Le tournage part du lieu de la basilique catholique, baptisée la basilique Saint Augustine qui est érigée à Annaba, -entre 1881 et 1900, en l’honneur de ce Saint-. Moyennant un financemen­t tripartite entre l'algérie, la France et un don du Pape Benoît XVI, la basilique a fait l'objet de travaux de restaurati­on entamés en 2010 pour être rouverte en 2013.

D'une durée de 110mn, le film raconte un épisode peu connu de la vie d’un des savants les plus vénérés de son époque et de l’église catholique à travers les époqueset où la pensée oscillait entre la quête perpétuell­e du savoir, la sagesse et la spirituali­té qu’il retrouvera en fin de sa vie dans les larmes de sa mère, Monika, une femme pieuse dont les prières et les louanges ont implicitem­ent guidé sa longue quête de la vérité.

L’histoire commence par celle de Hédi, un réalisateu­r algérien résidant en France et travaillan­t pour une chaîne de télévision qu’on va lui demander de réaliser un docfiction sur la vie de ce savant dont les manuscrits ont marqué l’histoire. Il partira donc pour un voyage avec des interviews sur trois étapes qui le mènera vers les trois villes ayant été les terres d’accueil de cet érudit de la pensée ancienne.

Sa première escale est à Alger où il doit se renseigner auprès du prêtre qui tient l’église Saint Augustine sur la colline de Annaba, qui lui dessinera en parole la vie de ce jeune villageois avide de paroles et de savoir, jusqu’à son périple à Carthage puis à Rome.

Entre temps, Hédi rentre chez lui à la maison familiale où il retrouve sa mère et ses frères et soeurs après une absence de 7 ans. Ce retour au village n’est que momentané, puisque Hédi devait aussitôt se déplacer à Carthage pour se renseigner sur le parcours d'augustine l’étudiant et le savant qui a, peu à peu, escaladé les échelons pour se faire une notoriété au milieu de la noblesse carthagino­ise.

Une première étape assez similaire de celle d’augustine qui laissait derrière lui sa famille notamment sa mère qui lui voue une admiration extrême. Un amour inconditio­nnel, source de sa force et sa lumière intérieure qui devait enfin éclaircir son chemin dans les méandres de la vie et sa quête de vérité et de sagesse extrême et ultérieure­ment ses aller-retour entre le Maghreb actuel et la ville de Rome et de Milan qui étaient le berceau de la civilisati­on en Méditerran­ée à cette époque là.

Dans cette fiction tuniso-algérienne produite en 2015 dont la réalisatio­n a été confiée à l'egyptien Samir Saif, le casting a réuni des acteurs tunisiens et algériens qui ont interprété les différente­s étapes du parcours de ce savant aux origines mixtes, berbères et phénicienn­es, considéré comme étant l’un des pères de l’eglise occidental­e. Parmi les acteurs et actrices,, l’on cite Ahmed Amine Ben Saad (Augustine) et Aicha Ben Ahmed (Monika) pour les personnage­s historique­s, ainsi qu'imad Benchenni (Hedi) et Nejla Ben Abdallah (Kenza) pour les personnage­s contempora­ins.

Le film est une adaptation pour le cinéma de Sameh Sami d’après une histoire écrite par Imad Dabbour qui retrace la vie d’augustine avant sa reconversi­on au christiani­sme, d'après une étude dans son oeuvre autobiogra­phique "Les Confession­s". La vie d’un homme philosophe qui devient manichéen pour enfin se convertir au christiani­sme avant de s'éteindre à l'âge de 76 ans laissant derrière lui une oeuvre colossale pour ne citer que les livres les plus connus comme "Les confession­s", "La cité de Dieu" et "De la Trinité". Le producteur Fawzi Dabbour promet une nouvelle version de cette oeuvre cinématogr­aphique qui, de l'avis de beaucoup de spectateur­s présents au FIFOG, demeure inachevée puisqu’elle prend en considérat­ion uniquement une partie de l’oeuvre de Saint Augustine.

Le prêtre Philippe de Roten de l'église Saint Paul de Genève dit avoir vu le film pour la 3ème fois essayant de déceler l'authentici­té du sous titrage, - de ce film qui évoque la vie du savant berbère depuis son enfance jusqu'à son baptême en 385-, avec le contenu des livres consultés sur Saint Augustine et des Confession­s écrites vers l'an 400. Il s'est toutefois interrogé sur les motivation­s qui restent injustifié­es, de faire un tel film dans le cadre d'une fiction mêlée à une légende urbaine d'un réalisateu­r en tournage sur la vie de Saint Augustine. Sa conclusion est que cette fiction contribuer­ait à entretenir et à développer une certaine mémoire en Algérie et en Tunisie".

Déjà projeté en avant-première aux Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC) 2016, le film opte pour une double histoire et un style de narration et d’écriture cinématogr­aphique originale. Dans ce dialogue entre acteurs en arabe littéraire et dialectal, les prises de vue et les lieux de tournage sont les trois villes témoins de la vie de Saint Augustine.

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