La Hongrie dénonce un «chantage»
La Hongrie a dénoncé hier le «chantage» que constituent à ses yeux les propositions de la Commission européenne pour le budget de l’union pour la période 2021-2027 après la sortie de la Grande-bretagne du bloc communautaire.
L’exécutif européen propose notamment de suspendre les fonds alloués à un Etat membre si le système judiciaire de ce dernier se révèle défaillant. Sans les nommer, la Commission vise par cette mesure des pays comme la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou Malte. La suspension de ces fonds pourrait être activée sur une simple recommandation de la commission qui devrait être confirmée ensuite par le Conseil européen. Une majorité qualifiée serait nécessaire pour bloquer une décision du conseil en ce domaine.
«Il y a des traités en vigueur dans l’union européenne qui précisent clairement les droits et les obligations des Etats membres», a déclaré Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères, devant la presse. «Nous sommes en désaccord avec toute proposition qui conduirait à un chantage concernant le versement de fonds qui sont dus à des Etats conformément aux traités», a-t-il ajouté. La Commission européenne estime que le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor Orban limite l’indépendance de la justice et empiète sur la liberté de la presse.
Les fonds communautaires ont été un vecteur essentiel des investissements en Hongrie au cours des récentes années, contribuant à la croissance de 4% que le pays a connue en 2017, son plus haut niveau depuis trois ans. L’office européen de répression des fraudes mène une enquête sur des projets pilotés par une société autrefois dirigée par le gendre de Viktor Orban qui a été triomphalement réélu le mois dernier.
Szijjarto, qui occupera à nouveau les fonctions de ministre des Affaires étrangères dans le prochain gouvernement, a réfuté l’idée que les fonds européens constituaient une «aide humanitaire» accordée à l’europe centrale.
«Nous avons ouvert nos marchés et les entreprises d’europe de l’ouest ont empoché d’énormes profits sur les marchés d’europe centrale», a-t-il dit. «Ce n’est pas une rue à sens unique dans laquelle les Occidentaux seraient les gentils et nous donneraient des fonds européens. C’est une rue à double sens et chacun doit respecter ses engagements», a-t-il ajouté.