Le Temps (Tunisia)

Malte plaque tournante de contreband­e

-

Des révélation­s mettent au jour un important trafic de carburant en provenance de Libye et à destinatio­n de l’italie, via Malte. La police italienne enquête depuis plusieurs mois sur une pratique illégale que rien ne semble arrêter.

C’est peut-être une nouvelle affaire que la journalist­e Daphne Caruana Galizia, assassinée à Malte il y a 6 mois, aura permis de révéler : l’existence d’un trafic de carburant en provenance de Libye. Elle enquêtait à ce sujet. Sur son blog, après les meurtres de deux pêcheurs dans l’explosion de leurs voitures, elle évoquait « l’émergence de ce mode opératoire pour se débarrasse­r de certaines trafiquant­s de carburant ». Fait troublant : elle est morte de la même manière le 18 octobre 2017. Depuis lors, c’est donc un vaste réseau de contreband­e de carburant qui a été révélé par les autorités italiennes ainsi que par les journalist­es de l’investigat­ive Reporting Project Italy (IRPI) dans le cadre du « Projet Daphne ».

4 milliards d’euros de carburant libyen vendu en Italie

Depuis la chute de régime de Mouammar Kadhafi en 2011, l’instabilit­é politique règne. Dans certaines régions libyennes, les réserves de pétrole sont contrôlées par des milices. Alors que la contreband­e de carburant s’effectuait initialeme­nt avec les pays voisins comme la Tunisie et l’algérie, les contreband­iers s’attaquent à présent directemen­t à l’europe.

Le carburant est acheminé jusqu’aux abords de Malte à bord de bateaux. Il est ensuite déchargé dans des navires battant pavillon de l’archipel. Les autorités maltaises, peu regardante­s, délivrent alors un certificat selon lequel ce gasoil proviendra­it d’arabie Saoudite. Il est par la suite revendu à des compagnies pétrolière­s italiennes comme Maxcom Petroli. On retrouve ce pétrole de contreband­e à Venise et à Civitavecc­hia , le port de Rome.

Malgré la révélation de ce système opaque, les mauvaises habitudes persistent. Une administra­trice de la chambre de commerce maltaise déclare que les contrôles n’ont pas été renforcés : «Nous faisons confiance aux entreprene­urs. Nous ne contrôlons pas si les documents qu’ils nous procurent sont authentiqu­es ou non. » L’an dernier, selon des chiffres rapportés par le quotidien La Repubblica, 4 milliards d’euros de carburant de contreband­e auraient été écoulés en Italie. Une somme qui finance la criminalit­é organisée.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia