Proximité, dialogue et bienveillance
Assises de l’enseignement supérieur
Les 1ères Assises estudiantines de la réforme universitaire se sont tenues du 28 au 30 avril à Tataouine, l’occasion pour les responsables du ministère de l’enseignement Supérieur et de la Recherche de côtoyer de près des représentants d’étudiants de tous les établissements universitaires, loin des bureaux feutrés et des salles de conférences impersonnelles, bref une rencontre sans fards ni fanfare.
Parce que la hiérarchie verticale est passée de mode, depuis belle lurette, et que tous les systèmes qui marchent sont désormais basés sur un mode de fonctionnement participatif et à l’horizontale, le ministère de l’enseignement Supérieur a joué la carte de l’immersion totale en réunissant, pendant trois jours, les premiers responsables du ministère avec des étudiants emplis d’incertitudes et de revendications. Proximité, écoute et partage étaient, en effet, les mots d’ordre de ces 1ères Assises estudiantines de la réforme universitaire. Un pari osé ! Pour preuve, le démarrage n’a pas été facile, loin de là. En effet, les escarmouches étaient légion et les altercations verbales ainsi que les provocations nombreuses. Mais comment blâmer ces étudiants baignant depuis 7 ans dans une ambiance survoltée et évoluant dans un contexte tendu, nourrissant le sentiment d’une révolution confisquée par les plus âgés et confondant, bien souvent, liberté de parole et insolence ? Toujours est-il que les responsables du ministère et à leur tête, Slim Khalbous, le ministre, ont fait preuve de patience face à des jeunes qui ne savent ce que leur réserve l’avenir et quelles opportunités le pays est en mesure de leur offrir, loin des sentiers battus d’un cursus universitaire moyen suivi d’un recrutement dans la fonction publique. Emplis de certitude mais aussi crainte et de préjugés face à ces responsables en costume cravate qu’ils ont l’habitude de voir seulement dans les médias, les étudiants ont tout d’abord bombardé les responsables de questions et surtout de critiques acerbes.
Dans une tribune signée par le ministre, on lira : «Les premiers échanges, directs, francs, presque physiques, ont donné le ton du congrès, dès le premier soir et ne se sont terminés qu’à 1H00 du matin ! Un véritable exutoire qui a commencé progressivement à calmer les esprits, ou plutôt, à les ouvrir sur d’autres fenêtres, d’autres horizons, qui permettent de voir autrement plus loin, plus grand… »
La patience face à l’impatience. Voici le remède miracle qui a apaisé les participants et détendu l’ambiance. Après les escarmouches et les duels verbaux est venu le temps du partage, du dialogue, des questions sereines, des débats fructueux et des propositions raisonnables et raisonnées, fruit d’un brainstorming porteur.
Ceux-là même qui adoptaient au début du congrès un ton dur et méfiant avaient baissé la garde et s’exprimaient, au bout d’un moment, avec un ton calme, voire complice. La moue boudeuse et les yeux inquisiteurs ont finalement cédé la place à des sourires francs et sincères. Encore une fois, la bienveillance a triomphé.
C’est là un exemple concret du pouvoir des mots pour apaiser les maux et une belle leçon de l’acceptation de l’autre dans sa totalité sans jugements ni arrogance. Au delà des clichés et loin de tout calcul politique, c’est là une initiative louable à saluer et à multiplier tous secteurs confondus.
Le pays n’en sortira que victorieux car ce n’est un secret pour personne que le navire Tunisie est pris, depuis quelques temps, dans une grosse tempête. La seule chance de survie de l’équipage à bord ? La bienveillance des uns envers les autres, l’esprit de solidarité, la proximité entre décideurs et citoyens et le dialogue fondé sur l’intérêt collectif et non personnel. Sans ça, qui sait ce qui adviendra demain ?