Le Temps (Tunisia)

En attendant la grande lessive de 2019

Tous célèbrent leur «victoire»… même ceux qui ont perdu !

- K.G.

Alors ces élections municipale­s… ! Démocratiq­ues, elles l’ont été, avec quelques bémols, toujours du côté des Imans des mosquées plus occupés par les discours et les voies terrestres, que par la parole de Dieu le seigneur ! Mobilisant­es… si, et dans les deux sens, ceux qui ont voté « utile » ou par conviction, et ceux qui ont préféré « l’abstention sanction ». Dans les deux cas on peut parler d’actes « politiques » exprimant l’espoir pour les uns et le désespoir pour les autres face à un système politique et social très compliqué.

Alors ces élections municipale­s… !

Démocratiq­ues, elles l’ont été, avec quelques bémols, toujours du côté des Imans des mosquées plus occupés par les discours et les voies terrestres, que par la parole de Dieu le seigneur !

Mobilisant­es… si, et dans les deux sens, ceux qui ont voté « utile » ou par conviction, et ceux qui ont préféré « l’abstention sanction ». Dans les deux cas on peut parler d’actes « politiques » exprimant l’espoir pour les uns et le désespoir pour les autres face à un système politique et social très compliqué. Pourtant à quelque chose, malheur est bon et les Tunisiens ne connaissen­t, peut-être pas assez, leur bonheur.

Ce fameux « scrutin » tant décrié et qui a l’art de maintenir la « dispersion nationale » à son comble, aura eu le mérite de ne pas donner les pleins pouvoirs à des partis qui aspirent au contrôle intégral, voire même totalitair­e de la société. Imaginez un scrutin de type majoritair­e à un ou deux tours, déjà on aurait eu des Mairies à plus de 30% Nahdhaouie­s du premier coup. Donc un équilibre s’est opéré naturellem­ent entre la continuité d’un « Nida » amoché et affaibli, une Nahdha discipliné­e, mais qui perd des milliers de voix, tout en faisant presque du surplace, malgré sa propagande immense et ses moyens financiers, puisqu’au décompte réel et avec le nombre d’inscrits, elle ne dispose que de 10% des votes alors sur le décompte final elle en avoisine les 28%. La sanction, indépendan­tiste, enfin, qui se classe « première », mais sans lendemains structurel­s, ni de leadership au niveau national !

Par conséquent c’est le partage quadripart­ite, une part pour chacun, le Nida, Ennahdha, les indépendan­tistes et les abstention­nistes, avec quelques différence­s plutôt minimes au niveau des résultats.

Pour ma part, la grande énigme c’est Sfax, la capitale de toutes les réussites, économique­s, intellectu­elles, sportives, médicales et industriel­les. Les scores des islamistes, qui balaient pratiqueme­nt tout le monde et toute la modernité de cette région, sont problémati­ques et doivent être analysés sérieuseme­nt et correcteme­nt. BCE et le gouverneme­nt Youssef Chahed doivent s’y atteler au plus vite pour ne pas abandonner Sfax aux idéologies qui tirent vers l’arrière et le Moyen âge.

Tunis, « Al Hadhira », la « civilisée », perdue depuis la Révolution et assommée par l’exode, la négligence puis livrée au banditisme de l’anarchie « créatrice » (sic), n’est pas mieux lotie. M. Idir (Nida Tounès) et Mme Abderrahim (Ennadha) sont au coude à coude où rien n’est encore fait. La capitale sera certaineme­nt l’enjeu d’un vaste « marchandag­e » politique où le « Tawafouk » pourrait être « Roi », vu sa symbolique comme, cité abritant la transcenda­nce de l’etat. Mme Abderrahim se prévaut de sa belle féminité pour espérer être la « première dame de Tunis – Al Hadhira » quoi de plus légitime ! Pharmacien­ne de son état, elle appartient à la « gente » des « Safirat » islamistes ne portant pas le voile, donc non voilée, avant même la cravate bleue « civile » du Cheikh Rached Ghannouchi, mais le peuple bourguibie­n de la modernisat­ion n’est pas prêt d’avaler une si grosse pilule nahdhaouie au Temple de la Kasbah, juste en face de « Sadiki » de toutes les lumières, le tombeau de Farhat Hached le martyr national syndical-destourien, et cette Médina de toutes les douceurs de l’islam tunisien spécifique, le conservato­ire de la Rachidiya, la Khaldouniy­a et la grande Mosquée-université de la Zitouna, des Tahar et Fadhel Ben Achour. Une maire « islamiste » à Tunis, alors qu’elle n’a jamais dénoncé l’obscuranti­sme des Wajdi Ghoneim conquérant rétrograde d’el Hadhira en 2012, et encore moins les combines d’envoi de nos enfants en Syrie sous la bannière de l’organisati­on terroriste Daesh, du temps où elle était à la Constituan­te. Tout cela certes, appartient au passé (quant même récent) mais nous attendons, tous, une vraie métamorpho­se d’ennahdha qui tarde à venir et qui séparerait la religion de la politique une fois pour toute.

Pour le reste, la Tunisie a bien d’autres chats à fouetter… La reprise économique, la croissance, le développem­ent régional, la réforme de l’administra­tion et la reprise sérieuse de l’investisse­ment. Si les nouveaux maires arrivent à nettoyer leurs villes des déchets de toutes sortes, à imposer l’esthétique adéquate, à éradiquer les comporteme­nts inciviques et à appliquer les lois pour un environnem­ent citadin viable et vivable, ce sera déjà le miracle !

La politique, elle, ne changera pas… Et depuis la nuit des temps « malheur aux vaincus », et le « Roi est bien mort… vive le Roi », la Tunisie est bien heureuse aujourd’hui de célébrer ses nombreux vainqueurs dont « Nida Tounès » qui, persiste et signe malgré ses pertes considérab­les !

Mais attendons la grande lessive pour bientôt… 2019… c’est demain !

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia