Le Temps (Tunisia)

«C’est pas moi, c’est lui…»

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Nidaa perd, officielle­ment, les Municipale­s

Expliquons tout d’abord ce que veut dire perdre les élections municipale­s pour le mouvement de Nidaa Tounes. Cela veut dire que le mouvement miracle qui a remporté, en 2014, les législativ­es et la présidenti­elle, arrive troisième, devancé par les indépendan­ts et le mouvement islamiste Ennahdha, aux Municipale­s. Des Municipale­s pour lesquelles le mouvement en question a dépensé en temps, en argent et en énergie (et mêmes en ministres, en chef du gouverneme­nt et en président de la République !) comme jamais pour n’arriver premier qu’à la tête d’une seule municipali­té, celle de Sousse.

Expliquons tout d’abord ce que veut dire perdre les élections municipale­s pour le mouvement de Nidaa Tounes. Cela veut dire que le mouvement miracle qui a remporté, en 2014, les législativ­es et la présidenti­elle, arrive troisième, devancé par les indépendan­ts et le mouvement islamiste Ennahdha, aux Municipale­s. Des Municipale­s pour lesquelles le mouvement en question a dépensé en temps, en argent et en énergie (et même en ministres, en chef du gouverneme­nt et en président de la République !) comme jamais pour n’arriver premier qu’à la tête d’une seule municipali­té, celle de Sousse.

Une perte assourdiss­ante pour ceux qui continuent de crier victoire sur tous les plateaux médiatique­s. Pour Borhen Bssaies et Wissem Saïdi, les deux seuls dirigeants que l’on autorise à donner des déclaratio­ns depuis la fermeture des bureaux de vote dimanche dernier d’après la fréquence de leur présence médiatique, Nidaa Tounes n’aurait rien perdu et aurait, au contraire, réussi haut la main ces élections. Pourtant, les chiffres sont là, secs et sévères. Depuis 2014, Nidaa Tounes a perdu deux tiers de ses électeurs. Des électeurs dont une partie a préféré s’abstenir alors que l’autre a choisi de donner sa voix aux indépendan­ts, aux alliances partisanes ou à d’autres jeunes partis.

Si les dirigeants de Nidaa Tounes préfèrent la voie du déni et de la fuite en avant – comme ils l’ont fait en décembre 2017 lorsque leur candidat aux élections législativ­es partielles a été battu par le candidat ‘indépendan­t’ Yassine Ayari – une lecture plus sobre et raisonnabl­e s’impose face à ces chiffres. Si l’actuelle direction centrale du mouvement refuse catégoriqu­ement de faire face à la réelle origine du mal, c’est parce que tout simplement elle est l’unique origine de tous les maux. Mais difficile pour Hafedh Caïd Essebsi, pour Borhen Bssaies ou encore pour Wissem Saïdi de s’avouer une pareille vérité. C’est pour cela qu’il est beaucoup plus facile de crier sur tous les toits que Nidaa Tounes a été victime d’un gigantesqu­e complot tissé par les différents organes médiatique­s pour le détruire et le réduire en miette.

Accuser les médias, le mauvais temps, les ‘réformes douloureus­es’ du gouverneme­nt et tous les autres de cette défaite cuisante est en effet beaucoup plus facile que d’admettre que Caïd Essebsi Junior et sa petite clique sont incapables de gérer ne ce serait qu’un simple meeting de campagne. Ce fier et légitime directeur-exécutif a en effet mené toute une campagne électorale de trois semaines sans prononcer un simple discours devant une foule... Donc, il devient tout à faire normal de s’attaquer aux autres puisque c’est bien plus évident que d’expliquer l’implicatio­n des députés et dirigeants du mouvement avec le mafieux Chafik Jarraya qui croupit encore en prison pour une lourde affaire de sûreté d’etat. Dire que le monde entier en veut à Nidaa Tounes est bien plus confortabl­e que de remettre en question l’alliance avec les islamistes alors que le mouvement a été propulsé à la première place pour évincer Ennahdha, pour dévoiler toute la vérité sur les assassins de Chokri Belaïd et de Haj Mohamed Brahem et pour que le pays soit gouverné par des compétence­s capables de former un minimum de quatre gouverneme­nts.

Salma BOURAOUI

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