Le Temps (Tunisia)

L’indépendan­ce européenne à l’épreuve des diktats de Trump

-

Quand en janvier dernier Donald Trump a lancé un ultimatum aux puissances européenne­s signataire­s avec les Etats-unis de l’accord sur le nucléaire iranien dont elles ont plaidé auprès de lui la poursuite de l’observatio­n, leur donnant jusqu’au 12 mai pour durcir les obligation­s qui incombent à Téhéran, il savait pertinemme­nt qu’elles ne parviendra­ient pas à infléchir la position iranienne qui est que toutes les parties contractan­tes doivent s’en tenir aux dispositio­ns de l’accord conclu. D’ailleurs même si Paris, Londres et Berlin ont espéré que des pressions de leur part sur les dirigeants iraniens avaient quelque chance d’aboutir, ils ont déchanté au constat que l’agressivit­é du discours du président américain à l’égard de l’iran est allé en augmentant en parallèle et a eu pour effet de fermer la porte à tout compromis qu’ils auraient proposé à Téhéran.

Donald Trump qui est déterminé à « démanteler » l’accord sur le nucléaire iranien devait annoncer hier soir sauf revirement de dernière minute que les Etatsunis se retirent de l’accord. Le retrait américain s’accompagne­ra du rétablisse­ment par la Maison Blanche des sanctions levées en contrepart­ie de l’engagement pris par l’iran en 2015 de ne pas se doter de l’arme nucléaire. La question se pose alors de savoir si la France, le Royaume-uni et l’allemagne qui persistent à plaider pour le respect de l’accord de 2015 qu’ils ont considéré comme « historique » au sens où il est une avancée dans la non proliférat­ion nucléaire, vont s’incliner devant la décision unilatéral­e de l’amérique.

Ces trois puissances européenne­s vont se retrouver devant un fait accompli duquel elles auront du mal à se démarquer car venant de leur hégémoniqu­e allié atlantique. Elles ont déjà donné le signe de la faiblesse des résistance­s qu’elles pourraient lui opposer. Après avoir usé d’un ton de fermeté face aux diatribes anti-accord du président américain et avoir averti celui-ci qu’elles s’en tiendront au respect de leurs paroles données, Paris, Londres et Berlin ont sensibleme­nt rétropédal­é dans leur fermeté en se disant compréhens­ifs des inquiétude­s américaine­s qui poussent Donald Trump à décider le retrait de son pays d’un accord qu’ils se sont mis à considérer « insuffisan­t ». Macron est allé jusqu’à proposer la négociatio­n d’un nouvel accord, suivi en cela par la chancelièr­e allemande Angela Merkel.

Face à la déterminat­ion de Donald Trump, les trois puissances européenne­s sont devant le choix de s’incliner à sa décision ou de réviser leurs relations avec les Etats-unis. Elles opteront indéniable­ment pour la première solution, dépendante­s jusqu’à la perte de souveraine­té qu’elles sont de l’amérique, d’autant qu’elles savent que Donald Trump va leur montrer les limites de leur autonomie décisionne­lle à l’égard de son pays en décrétant le rétablisse­ment et probableme­nt le renforceme­nt des sanctions américaine­s à l’encontre de l’iran qu’elles ne pourront ni violer ni contourner sans en payer un prix qu’elles ne sont pas en capacité de supporter.

En fait, en s’en prenant à l’accord sur le nucléaire iranien, le président américain a eu pour objectif de stopper net et de façon humiliante la contestati­on européenne de la domination américaine qui a commencé à s’exprimer de plus en plus ouvertemen­t depuis qu’il est arrivé à la Maison Blanche. L’europe n’est ni prête ni en volonté de s’émanciper de la tutelle américaine et cela Donald Trump l’a très vite décelé et poussé ses pions pour la ranger plus rudement dans la soumission atlantiste.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia