Le Temps (Tunisia)

Le pari de Donald Trump

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Sortira, sortira pas. Les spéculatio­ns vont bon train à quelques jours de la date butoir fixée par Donald Trump pour prendre une décision au sujet de l’accord nucléaire iranien. Le président américain exige une révision de l’accord de manière à interdire les tests de missiles balistique­s iraniens, et à juguler l’influence iranienne dans la région. Face à la réticence de ses partenaire­s européens, attachés au texte, Trump, soucieux de rassurer ses alliés dans la région face à l’extension de l’hégémonie iranienne, avait menacé de sortir unilatéral­ement de l’accord, affirmant qu’il rendrait son verdict le 12 mai. Ce délai vise sans doute à faire pression sur les Européens, et aussi à donner le temps à l’administra­tion américaine de préparer les éventuels scénarios en cas de sortie unilatéral­e des Etats-unis de l’accord de Vienne. En effet, Washington doit peser avec soin le pour et le contre d’une sortie de l’accord nucléaire. Car si un tel scénario se produit, on peut s’attendre à ce que Téhéran utilise toutes les cartes en sa possession pour compromett­re les intérêts américains dans la région. En Iraq tout d’abord, le régime islamique pourrait utiliser son « bras armé », les milices chiites, pour lancer des attaques contre les troupes américaine­s encore stationnée­s dans ce pays. Même chose en Syrie où les Etats-unis disposent d’environ 2000 soldats au nord du pays pour soutenir les combattant­s kurdes.

Au Liban, les frictions entre le Hezbollah, pro-iranien, et Israël pourraient reprendre, et au Yémen, les Iraniens pourraient accroître leur soutien aux Houthis, exacerbant ainsi le conflit avec l’arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Washington doit aussi mesurer une éventuelle reprise par Téhéran de ses activités d’enrichisse­ment d’uranium ou un éventuel retrait du Traité de Nonprolifé­ration (TNP) nucléaire. S’il venait à sortir de l’accord, Donald Trump parierait sans doute sur les sanctions économique­s et le spectre d’un isolement du régime iranien sur la scène internatio­nale.

Le pari américain d’amener l’iran à accepter une révision de l’accord nucléaire est difficile et dépend en réalité de la position des Européens et leur dispositio­n à suspendre leurs investisse­ments dans ce pays, afin de faire pression sur le régime. Il faut voir aussi la position des autres grandes puissances comme la Russie et la Chine. Cette dernière est le premier acheteur de pétrole iranien. Depuis quelques jours, les diplomates américains s’activent pour convaincre leurs homologues européens d’accepter une révision de l’accord.

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