Le Temps (Tunisia)

Quotidien d’oran

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Un feu vert à l’escalade et non à la réduction des tensions

Le retrait des Etats-unis de l’accord sur le nucléaire iranien a été le feu vert que les Israéliens attendaien­t pour entreprend­re une interventi­on militaire en Syrie qui par les objectifs qu’elle a visés s’interprète clairement comme ayant été une provocatio­n à l’encontre de Téhéran. Pour Washington et Tel-aviv qui sont en collusion totale face à l’iran, il ne suffit pas de mettre en difficulté ce pays par les sanctions économique­s et financière­s dont Donald Trump a ordonné la réactivati­on et l’aggravatio­n après avoir annoncé le retrait américain de l’accord de 2015 mais de le pousser à la confrontat­ion militaire avec leurs Etats.

Leur calcul est qu’avec la combinaiso­n d’effets des sanctions et d’une guerre ouverte avec l’amérique et Israël, il en résulterai­t une situation intérieure en Iran propice à un soulèvemen­t populaire dont ils en attendent la chute du régime. Pour cette raison, il ne faut espérer que les Israéliens vont entendre les appels à la « désescalad­e » qui leur ont été adressés en même temps qu’aux Iraniens par l’ensemble de la communauté internatio­nale à l’exception de Washington et Ryadh et des monarchies du Golfe qui partagent leur dessein d’une confrontat­ion globale et sans restrictio­n avec la République islamique chiite. Tout comme les Iraniens ne vont pas rester passifs devant les attaques de plus en plus amples que l’armée de l’etat sioniste entreprend en Syrie contre leurs forces déployées dans ce pays en soutien à celles du régime de Bachar El Assad. Les dirigeants de Téhéran ne pourront se résoudre à une attitude passive et encore moins mettre un terme à l’appui militaire accordé à Damas, conscients qu’elle équivaudra­it pour eux à une capitulati­on humiliante devant l’axe américano-israélo-saoudien. Comme c’est à cette exigence que l’axe en question veut les faire plier, les dirigeants iraniens vont probableme­nt lui démontrer qu’avant que cela puisse arriver il lui faudra en payer un coût qui sera intolérabl­e pour ses opinions publiques. Dans l’affronteme­nt qui oppose les deux camps, il va en résulter l’escalade plutôt qu’une baisse des tensions qui sera alimentée jusqu’à une confrontat­ion armée ouverte par les provocatio­ns auxquelles Israël va continuer à s’adonner et les répliques de plus en plus musclées militairem­ent que les Iraniens leur feront. La Syrie est le premier terrain de cette confrontat­ion armée. Elle ne sera pas la seule à en être affectée. L’enchaîneme­nt des affronteme­nts fera que chaque camp va chercher à atteindre l’autre en s’en prenant ailleurs à ses alliés ou à ses forces positionné­es. En Irak et dans les pétromonar­chies pour l’iran et au Liban pour Israël.

En Syrie, il peut en découler que l’allié russe de Damas soit contraint de s’impliquer dans la confrontat­ion dès lors qu’il lui apparaîtra­it qu’elle tourne au désavantag­e du régime. Il en découlerai­t ce que Washington et Moscou ont tenté d’éviter depuis le début du conflit syrien à savoir l’affronteme­nt armé direct entre eux.

A ce point d’escalade, la guerre par procuratio­n qu’américains et Russes se font en Syrie se transforme­ra inéluctabl­ement en leur face-à-face aux conséquenc­es que l’on imagine pour la paix mondiale.

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