Le Temps (Tunisia)

L’europe doit tourner la tête à l’est

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Le début d’une escalade? L’échange roquettes estampillé­es République islamique contre missiles certifiés État hébreux a de toute façon matière à alarmer la planète. Le Proche-orient demeure le foyer où se génèrent des tensions mondiales.

Il y a de solides raisons de considérer la passe d’armes comme les premiers fruits, empoisonné­s, du retrait unilatéral des États-unis de l’accord nucléaire signé avec l’iran en 2015. Conclu après vingt et un mois d’âpres négociatio­ns, celui-ci engageait aussi cinq autres puissances: la Chine, la Russie, la France, le Royaume-uni et l’allemagne qui, elles, entendent bien sauver les meubles.

D’abord, parce que – ce quintet en convient – Téhéran a respecté les termes de l’entente qui vise à brider son programme nucléaire à fins militaires. Ensuite, parce que revenir à la simple politique du bâton contre l’état perse ne peut que renforcer les ultraréact­ionnaires de ce régime. Or il faut écouter et encourager les forces vives iraniennes, la rue, la jeunesse intrépide: elles défient le pouvoir enturbanné et portent loin à la ronde une volonté de coopératio­n.

De ces quinze derniers jours, l’europe a une leçon à tirer. Et d’un, les entrechats de Macron, puis le court assaut de Merkel à Washington n’auront pas suffi à ramener à la raison un Trump qui a une vision binaire du monde: les bons et ceux qui ne lui plaisent pas. Et de deux, Paris, Berlin et Londres se retrouvent aujourd’hui de facto du même côté de la table que Moscou et Pékin.

Si la diplomatie chinoise apparaît comme un casse-tête vu de Bruxelles, les pions qu’avance le président Poutine sont assez limpides. Il s’est mis en position idéale pour être désormais le mieux à même d’être écouté à la fois d’israël et de l’iran. En vue de trouver une solution politique au Moyen-orient, l’europe doit dorénavant tourner la tête à l’est.

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