Senteurs de Ramadan
Comme chaque année, une page « Ramadhanesque » sera consacré au mois saint avec des variétés telles que récits du Coran, le Hadith du Prophète, les grandes figures de l’université Ezzeïtouna ainsi que des proverbes arabes et autres paragraphes décrivant l’ambiance et les senteurs du Ramadan.
La nuit du doute (Leïlat Ash-shak)
Le début du ramadan 2018 est prévu cette mi-mai (mercredi 16 mai ou jeudi 17 mai). Un décalage dû à la nature du calendrier musulman, le calendrier hégirien, qui est un calendrier lunaire.
Le mois lunaire est en principe de 29 jours mais peut être de 30 jours. C’est la raison pour laquelle, et selon un Hadith du Prophète, iles et énoncé : « le croissant lunaire dure 29 jours. Dansl’impossibilité de le voir terminer le mois au 30ème jour. » L’année hégirienne compte par conséquent 354 ou 355 jours, soit 10 à 11 de moins que l’année grégorienne. A la clé, le recul de 10-11 jours constaté chaque année. La « nuit du doute » (Leïlat Ash shak), c’est celle où on s’emploie à voir le croissant annonciateur du commencement du mois de Ramadan.
Le soir du vingt-neuvième jour, et plus précisément au coucher du soleil, le croissant très fin encore (ce qui représente en réalité le début du cycle lunaire) peut apparaître. A défaut le mois comptera pour trente jours.
C’est ce qui explique cette appellation de « nuit du doute », où on n’est pas sûr si le croissant apparaîtra ou pas.
Cette nuit avait un caractère particulier, étant donné qu’on ne comptait que sur la vision du croissant pour déterminer le commencement du mois de Ramadan. Il y allait de même à la veille de l’aïd, cependant la nuit du doute est beaucoup plus solennelle à la veille de ce mois sacré, qu’est le mois de Ramadan, mois où le saint Coran fut révélé au Prophète Mohamed, mois de piété et de recueillement.
Une délégation spéciale était désignée par le Bey à dessein de procéder à la vision du croissant.
Elle était constituée par des gens pieux et dignes de confiance, qui se déplaçaient au sommet du mont Sidi Belhassen, à cet effet.
Les moyens étaient très limités, les télescopes qu’ils utilisaient n’étant pas très performants, certains d’entre eux scrutaient le ciel et guettaient l’apparition du croissant à l’oeil nu, et étant réputés pour leur bonne vision de loin. Il y avait des noms très connus tels qu’un certain Gamoudi (à ne pas confondre avec le champion olympique) qui était le premier à capter le croissant à l’oeil nu et même en cas de brume légère ou de nuages pas trop épais cependant.
Les familles veillaient tard durant cette nuit et déjà, dans la médina les boutiques restaient ouvertes et les rues éclairées par les réverbères et animées.
Dans les mosquées, telles que Ezzeïtouna ou Saheb Ettabaâ, ceux qui étaient venus pour la prière du soir « Al’icha », restaient sur place à attendre l’annonce officielle du début de Ramadan.
En attendant l’ambiance ramadanesque était déjà entamée, avec les lustres de la salle de prière allumés et le minaret éclairé. L’annonce du mois de Ramadan se faisait par un coup de canon qui tonne dans la ville, ajoutant à cette ambiance de fête.
La délégation se déplaçait jusqu’au palais pour en référer au Bey.
Celui-ci la recevait avec sa cour au complet, dont faisait partie les dignitaires religieux. Parmi ceux-ci, il y avait les deux muftis malekite et hanefite, représentant les deux grandes écoles religieuses à savoir celle de l’imam Malek et celle de l’imam Abou Hanifah.
Ces deux muftis prenaient acte de la régularité de la procédure du point de vue religieux, et souhaitaient tour à tour au Bey, un Ramadan joyeux et prospère, ainsi qu’à toute la Omma Islamique. Bon Ramadhan.
Ahmed NEMLAGHI