Le Temps (Tunisia)

Bas les masques !

- Rym BENAROUS

Il fût un temps où la caméra cachée faisait rire. Aujourd’hui, elle fait pleurer... Comment réagir sinon face à la polémique «Shalom» et à l’attitude de plusieurs personnali­tés tunisienne­s, ayant un large écho auprès du public, quand elles ont été approchées par des soit-disants représenta­nts israéliens qui leur ont proposé juteux contrats, sommes astronomiq­ues et soutien pour arriver au pouvoir.

Il fût un temps où la caméra cachée faisait rire. Aujourd’hui, elle fait pleurer... Comment réagir sinon face à la polémique « Shalom » et à l’attitude de plusieurs personnali­tés tunisienne­s, ayant un large écho auprès du public, quand elles ont été approchées par des soit-disants représenta­nts israéliens qui leur ont proposé juteux contrats, sommes astronomiq­ues et soutien pour arriver au pouvoir.

Le concept n’est pas vraiment nouveau. Il y a quelques années, en 2012 plus précisémen­t, dans le cadre d’une caméra cachée diffusée par la chaine égyptienne Al Nahar, des stars ont été piégées à peu près dans le même contexte. Pensant assister à un talkshow sur une chaine arabe anodine, ils apprennent au détour d’une question que l’émission sera diffusée sur une chaine israélienn­e. La plupart des réactions sont plutôt violentes et certains se sont même pris au producteur en lui tirant les cheveux et en le rouant de coups. « Shalom », la caméra cachée made in Tunisie, reprend la même thématique, à savoir Israël en lui associant deux sujets qui ne laissent personne indifféren­t, à savoir l’argent et le pouvoir. Une pléiade de célébrités y sont passées et si certains ont refusé de collaborer avec les « représenta­nts » de l’etat sioniste, d’autres n’y ont vu aucune objection et se sont dits prêts à collaborer avec eux pour faire fortune ou accéder au pouvoir. C’est du moins ce qu’a révélé Walid Zribi le producteur de la caméra cachée qui a également fait diffuser, via certains médias, une liste de ceux qui auraient accepté de collaborer avec les Israéliens et ceux qui ont refusé.

Et parce que la chaine de télévision Attessia, ayant apparemmen­t subi beaucoup de pression de toutes parts, a refusé de la diffuser, le programme a été diffusé dès dimanche soir par Tunisna TV. Le premier a avoir été piégé, Mokhater Tlili, l’ancien entraîneur de football. Qu’apprend-on de son passage ? Qu’en contrepart­ie d’un juteux contrat (300.000 $) et d’un très bon salaire (120.000 $), il est prêt à entraîner une équipe israélienn­e... mais à condition que son nom ne soit jamais cité comme coach et d’habiter à Ramallah, soit dans la partie palestinie­nne. Une schizophré­nie affichée et non assumée puisque l’homme justifie ce choix non pas par solidarité avec le peuple palestinie­n mais plutôt par peur des représaill­es si cela venait à se savoir.

Au menu du deuxième épisode, le politicien Raouf Ayadi, connu pour ses positions panarabes et ses longues tirades incriminan­t Israël. A-til pour sa part succombé à la tentation ? Le producteur affirme que oui et qu’il aurait demandé à ses interlocut­eurs de l’aider à parvenir au pouvoir. Lui affirme avoir été victime d’une machinatio­n et avoir été menacé d’un pistolet. A l’heure où ces lignes sont rédigées, il est impossible de le savoir tout comme il est impossible de savoir quelle sera la réaction des autres « victimes » qui sont nombreuses à affirmer vouloir porter plainte. Toujours estil que cette émission, même s’il ne lui sied pas vraiment l’appellatio­n caméra cachée car elle n’a rien de comique, en dit long sur les positions réelles de nos célébrités face à la tentation de l’argent et du pouvoir et prouvent qu’ils sont bien trop nombreux à avoir adopté la stratégie du double discours pour parvenir à leurs fins. Car, que représente vraiment pour eux la cause palestinie­nne et ses milliers de victimes lâchement assassinée­s sous le regard silencieux des puissants de ce monde ? Pourquoi renoncerai­ent-ils à faire fortune et à devenir encore plus influents et que gagneraien­t-ils à prouver leur solidarité avec un peuple qui saigne depuis des décennies ?

Loin de nous faire rire, « Shalom » ne peut que nous interpeler sur ceux qui font et défont l’actualité dans notre pays. Une demande express toutefois au producteur : Prière de requalifie­r ce genre d’émission en attrape-nigauds au lieu de caméra cachée.

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