Le Temps (Tunisia)

Un gouverneme­nt en sursis et des fissures dans la cuirasse

- Faouzi SNOUSSI

Même les plus chevronnés parmi les politicien­s les plus chevronnés du monde perdraient leur latin en voyant comment est gouvernée la Tunisie, surtout avec des partis qui renient leurs engagement­s, un Nidaa Tounès qui donne ses cadres et ses affiliés en pature aux loups, Ennahdha toujours aux aguets, une centrale syndicale qui s’emmêle dans la politique et un patronat en plein blocage. La crise politique, économique et sociale perdure, et le peuple s’est lassé d’attendre, surtout que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, dans un contexte où le politique prime sur l’intérêt du pays et où les règlements de comptes sont légions.

Même les plus chevronnés parmi les politicien­s les plus chevronnés du monde perdraient leur latin en voyant comment est gouvernée la Tunisie, surtout avec des partis qui renient leurs engagement­s, un Nidaa Tounès qui donne ses cadres et ses affiliés en pature aux loups, Ennahdha toujours aux aguets, une centrale syndicale qui s’emmêle dans la politique et un patronat en plein blocage.

La crise politique, économique et sociale perdure, et le peuple s’est lassé d’attendre, surtout que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, dans un contexte où le politique prime sur l’intérêt du pays et où les règlements de comptes sont légions. Ces derniers jours et bien que l’espoir soit mince, les regards étaient tournés vers le palais de Carthage. Les réunions du comité des experts des signataire­s du Document de Carthage se sont multipliée­s, depuis la mi-mars, et de report en report, on a commencé à perdre confiance dans les résultats de ces concertati­ons.

La centaine de points du document final se sont réduits à 65, seulement, et le directeur exécutif de Nidaa nous a agrémenté de sa propositio­n d’ajouter la nécessité du départ de Youssef Chahed, ce qui n’a pas été apprécié par au moins de quatre signataire­s du Document de Carthage, en particulie­r le mouvement Ennahdha et la centrale patronale.

La rancune de Hafedh Caïd Essebsi contre Youssef Chahed n’est pas prête de s’éteindre et, pour cause… il a juré la perte de ce dernier, coûte que coûte, même si le prix est très cher à payer pour un parti en pleine débandade. Essebsi Junior a donné tout le gouverneme­nt en pâture, même à une organisati­on qui vient juste de sortir du bourbier, en l’occurrence l’union nationale de la femme tunisienne (UNFT) qui fait de la figuration dans ces réunions. IL a, en outre, commencé à mobiliser ses « sympathisa­nts et partenaire­s », notamment le très distingué Mongi Harbaoui qui a souligné, effrontéme­nt, que « le mouvement Nidaa Tounes ne voit aucun inconvénie­nt à changer le gouverneme­nt de Youssef Chahed, pourvu que les parties prenantes du Document de Carthage 2 soient unanimes à ce sujet ».

C’est le cas, aussi, avec le groupe de Nidaa Tounes à l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) qui a dit soutenir le Document de Carthage 2 dont l’élaboratio­n a déjà pris fin.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, à l’issue d’une réunion sous la présidence du directeur exécutif du parti Hafedh Caïd Essebsi, le bloc parlementa­ire a tenu à exprimer son soutien le plus ferme au fondateur du mouvement et président de la République Béji Caïd Essebsi ainsi qu’au Document de Carthage 2 dans l’objectif de résoudre la crise économique et sociale qui secoue le pays.

C’est encore une lutte intestine qui se déroule au sein de Nidaa Tounès qui n’a pas tiré les leçons du passer et laissé partir des cadres et des militants, avec une perte sèche de plus d’un million d’électeurs, lors des dernières élections municipale­s.

On peut dire que ces réunions des experts des signataire­s du Document de Carthage 2 n’ont fait qu’aggraver la crise, puisqu’ils ne sont, même pas, arrivés à trouver un consensus sur les 100 points de « Carthage 2 » et qu’ils ont dû 35 de ces points.

Il est possible de dire, donc, que la montagne a accouché d’une souris, surtout que les intérêts personnels et partisans ont pris le dessus sur ceux du pays. Entretemps, le président de la République joue la neutralité, en affirmant accepter la décision qui ressortira des réunions… Mais la présidence de la République oublie que c’est elle qui avait été l’initiatric­e du « Document de Carthage 2 ».

Le résultat le plus catastroph­ique a bien été obtenu, actuelleme­nt, c’est celui d’un pays dirigé par un gouverneme­nt en sursis et qui, selon toutes probabilit­és, doit commencer à faire ses bagages… surtout qu’il ne peut plus faire confiance aux décideurs politiques.

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