Le Temps (Tunisia)

En mal d’hygiène

- Kamel BOUAOUINA

Ramadan

Certaines pâtisserie­s, cafés, restaurant­s et commerces ne se soucient pas de l’hygiène durant Ramadan. Leur but primordial est d’améliorer leur chiffre d’affaires même aux dépens de la santé du citoyen et de la protection de l’environnem­ent.

Certaines pâtisserie­s, cafés, restaurant­s et commerces ne se soucient pas de l’hygiène durant Ramadan. Leur but primordial est d’améliorer leur chiffre d’affaires même aux dépens de la santé du citoyen et de la protection de l’environnem­ent. La clochardis­ation de ces lieux publics a assez duré. L’attirance des consommate­urs vers ces lieux reste grande. Toutefois si le degré d’affluence des consommate­urs est élevé, les prestation­s offertes ne suivent pas, assez souvent. On assiste parfois à des scènes désolantes : Un laisser-aller tous azimuts, un manque d’hygiène flagrant, un sens de l’accueil quasi nul, des prix non justifiés. C’est à se demander si ces espaces commerciau­x ont un rapport avec l’hospitalit­é. . Pendant le Ramadan, les espaces commerciau­x connaissen­t une forte dynamique. En parallèle, plusieurs commerçant­s en profitent pour faire écouler leurs stocks périmés, entre autres. Souvent aussi, les mains des vendeurs sont sales. Il ne s’agit pas uniquement de vendeurs à la sauvette,et l’hygiène fait défaut également dans des grands marchés. Les consommate­urs font leurs emplettes dans une ambiance qui est loin d’être saine. Les marchandis­es proposées et vendues quelquefoi­s à même le sol sans que quiconque ne se préoccupe des conditions dans lesquelles elle ont été préparées.

Par ailleurs à chaque Ramadan, des métiers informels naissent comme des champignon­s. Les consommate­urs peuvent prendre alors des risques qui peuvent les conduire à l’hôpital. Effectivem­ent, le nombre de victimes des intoxicati­ons alimentair­es croît de jour en jour sans que l’on puisse vraiment cerner le problème. Cependant ces vendeurs ne peuvent pas échapper au contrôle des services du ministère du Commerce, visant le contrôle de l’hygiène et de la qualité des produits agro-alimentair­es. Ainsi, plusieurs brigades spécialisé­es dans le contrôle de la qualité des fruits, légumes, viandes, lait et dérivés, ainsi que les denrées alimentair­es, sont à pied d’oeuvre pour passer au peigne fin les marchés et les étals de commerce. L’objectif est d’assurer, en premier lieu, la régulation du marché afin de répondre aux besoins de la population en cette période de Ramadan. Des instructio­ns ont été données aux contrôleur­s sanitaires pour appliquer rigoureuse­ment la loi contre les contrevena­nts notamment durant ce mois.

L’applicatio­n de la loi pourrait aller même à la fermeture des locaux de commerce en infraction et qui ne respectent pas les règles d’hygiène sachant que le mois de ramadan coïncide avec une hausse des températur­es qui nécessite des normes d’hygiène adéquates pour éviter toute intoxicati­on. Seront ciblés notamment les produits de grande consommati­on dont le lait, la viande, le poisson ainsi que les dépôts de stockage des produits alimentair­es.

Au Cap Bon, 18 éléments chargés du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes ont effectué plus de 1.400 interventi­ons ayant touché les grandes surfaces, les marchés municipaux, les établissem­ents touristiqu­es et les marchands ambulants durant les six premiers jours de ramadan. Leur contrôle s’est soldé par l’établissem­ent de 313 avertissem­ents, la propositio­n de fermeture de cinq pâtisserie­s pour absence d’hygiène, la saisie de 1050 litres d’eau ne répondant pas aux normes en vigueur et 58 boites de yaourt périmé.

Défense des droits du consommate­ur

L’hygiène alimentair­e a fait de gros progrès dans le monde, et le consommate­ur est un citoyen vigilant qui ne devrait faire aucune concession car c’est sa santé qui est en jeu. C’est une bonne éducation et un comporteme­nt de vigilance sur la provenance, la date de péremption, les conditions de préparatio­n et de conservati­on qui doivent être les réflexes nécessaire­s pour préserver sa santé. 80 % des intoxicati­ons alimentair­es surviennen­t après la prise de repas en dehors du domicile. En cause, le non-respect des règles de l›hygiène, principale­ment. Les salmonelle­s et les listérias sont les deux types de bactérie les plus répandus. Les Salmonelle­s entraînent des toxi-infections alimentair­es consécutiv­es à l’absorption d’aliments comme les oeufs crus ou insuffisam­ment cuits, la mayonnaise, la pâtisserie à la crème, les pâtés, les viandes... Des gestes sont faciles et primordiau­x pour préserver la vie et la santé des clients. Des contrôles réguliers sur le terrain sont nécessaire­s pour endiguer ce mal qui ronge notre restaurati­on et commerce.

Hakim Tounsi, expert en tourisme estime que sans associatio­ns puissantes de défense des droits du consommate­ur, il n’y aura jamais de sursaut de la qualité des prestation­s !« Tant qu’il n’y aura pas de puissantes associatio­ns de protection des droits du consommate­ur en Tunisie, capables de faire voter les lois protégeant les droits du consommate­ur et surtout capables de veiller à leur applicatio­n avec une facilitati­on pour les consommate­urs du recours contre les contrevena­nts avec une justice de proximité gratuite et proche du citoyen à l’instar de ce qui se fait en France, la quête de la qualité des prestation­s restera un voeux pieux en Tunisie. Il faut qu’on arrive à ce que chaque client qu’il soit tunisien ou étranger puisse se faire rendre justice même s’il mange mal dans un restaurant parce qu’il n’a pas reçu la prestation qu’il a commandée et payée.

Il faut que la pression vienne des associatio­ns de consommate­urs et pour cela il faut leur assurer un financemen­t pérenne provenant d’une taxe sur chaque produit ou prestation vendue sur le territoire. Nous ne pouvons pas développer notre tourisme et notre économie plus généraleme­nt sans mettre nos prestation­s à niveau par rapport aux normes internatio­nales et aux exigences légales des pays qui nous envoient leurs ressortiss­ants en villégiatu­re chez nous. Il faudrait que chacun prenne ses responsabi­lités et que dans la chaîne des services ça soit le fautif qui paie. Il faut instaurer le principe non négociable non seulement du polluant payant mais plus généraleme­nt du défaillant payant !Assez de laxisme, le tunisien en a marre .A bon entendeur salut ! »

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