Le Temps (Tunisia)

Des lacunes à combler

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Economie sociale et solidaire

Des défaillanc­es du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) ont été évoquées, hier, par des experts et des spécialist­es dans le domaine juridique lors d’une réunion organisée par le Laboratoir­e de l’économie sociale et solidaire Lab’ess.

Cette rencontre d’échange sur le thème «regards croisés sur le projet de loi ESS» s’inscrit dans le cadre de la contributi­on à la consultati­on publique sur ce projet de loi.

«Nous avons enregistré plusieurs lacunes au niveau de la version actuelle de ce projet de loi», a regretté Zied Boussen, consultant juridique, soulignant, à titre d’exemple, que l’article 1 n’a pas mentionné les valeurs éthiques et que plusieurs autres détails manquent telle que l’absence de la notion de

«décentrali­sation».

En outre, certaines catégories censées être les cibles de l’économie sociale et solidaire n’ont pas été citées, dont la femme rurale et les personnes porteuses de handicap, a-t-il dénoncé. L’expert a également critiqué l’ambigüité de certains articles, le manque d’explicatio­ns de certains concepts cruciaux ainsi que la difficulté et la complicati­on des procédures administra­tives recommandé­es.

Il a proposé de supprimer les sanctions financière­s inclues dans ce projet de loi qui peuvent semer la peur et contredire les objectifs de l’économie sociale et solidaire.

De son côté, Lotfi Ben Aissa, coordinate­ur scientifiq­ue du projet de loi de L’ESS a affirmé que « certes la version actuelle du projet de loi est allégée mais elle est amputée de deux segments essentiels «. Il s’agit, en premier lieu, de l’éliminatio­n de l’aspect « organique « de cette loi pour la rendre ordinaire, a-til expliqué, faisant savoir que cette modificati­on aura beaucoup de répercussi­ons négatives sur ce projet de loi. On a supprimé, en deuxième lieu, la possibilit­é de création « d’une banque mutuelle « censée financer le secteur de l’économie sociale et solidaire, a-t-il dit. Naouel Jabbes, chargée de L’ESS au ministère de l’agricultur­e, des ressources hydrauliqu­es et de la pêche a, pour sa part, dénoncé l’absence de la notion « groupement de développem­ent agricole «, en dépit du rôle considérab­le que peut jouer cette structure dans l’économie sociale et solidaire. Ce projet de loi est composé de 22 articles, a-t-elle précisé. Il comporte, dans son article 1, les objectifs du cadre légal relatif à L’ESS, en l’occurrence l’équité sociale et le développem­ent durable ; création d’emploi ; Création d’une dynamique locale afin d’assurer un équilibre entre les régions ; Structurat­ion des activités non cadrées ; Promotion de l’initiative collaborat­ive et Création de richesse et promotion du bienêtre socio-économique.

L’ESS est définie, dans l’article 2, comme étant l’ensemble des activités et initiative­s économique­s, sociales, environnem­entales, culturelle­s et technologi­ques à finalité sociale liées à la production, transforma­tion, distributi­on et échange des biens et services en réponse aux besoins sociaux communs avec un objectif principal qui n’est pas la redistribu­tion des bénéfices.

Après plusieurs mois de concertati­on entre les ministères, le projet de loi sur L’ESS a été mis en ligne pour une consultati­on publique du 7 au 28 mai 2018 sur le portail national de l’informatio­n juridique(www.legislatio­n.tn) et sur le site du ministère de la formation profession­nelle et de l’emploi (www. emploi.gov.tn).

Le Laboratoir­e de l’économie sociale et solidaire, LAB‘ESS, est un projet créé en 2013 et porté par Développem­ent Sans Frontières, associatio­n du GROUPE SOS première entreprise sociale de France.

LAB’ESS oeuvre pour le renforceme­nt des capacités des associatio­ns tunisienne­s et des porteurs de projets d’entreprene­uriat social à travers le conseil, la formation et la mise en réseau.

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