Le Temps (Tunisia)

« je n’ai aucune visibilité ni sur les recettes ; encore moins sur les dépenses ! »

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Youssef Mahfoudh (Vice-président et trésorier de la FTVB) rompt le silence :

Le vice-président et trésorier de la FTVB Youssef Mahfoudh s’est finalement décidé à parler pour nous raconter ce qui se passe au sein de la FTVB. Pourquoi ce malaise et pourquoi cette absence depuis quelques temps alors qu’il était la cheville ouvrière de la FTVB. Explicatio­ns :

Le Temps : Il n’est plus un secret pour personne que le torchon brûle entre vous et le président de la FTVB. Pourtant au tout début, vous formiez une équipe solidaire. Que s’est-il passé depuis ?

Youssef Mahfoudh :

Effectivem­ent, nous avons formé au départ une équipe autour d’un programme électoral intéressan­t pour le développem­ent et la promotion du volleyball tunisien. Un programme basé sur le travail collégial, l’améliorati­on des ressources financière­s de la FTVB, la consolidat­ion de la direction technique, l’améliorati­on des conditions de travail des catégories des jeunes, mettre la formation des cadres (arbitres et entraîneur­s) au diapason de ce qui se fait au niveau internatio­nal. En outre le président de la FTVB a promis de renflouer immédiatem­ent les caisses de la FTVB par des contrats de sponsorisa­tion déjà prêts de l’ordre de 500 mille dinars. Il a promis de prendre en charge les frais de déplacemen­ts et d’encadremen­t de toutes les catégories des jeunes de tous les clubs, et bien d’autres promesses non tenues.

Mais dès la prise de fonction du bureau il a renié toutes ses promesses et a fait un revirement total. Il a marginalis­é le bureau fédéral en agissant en solitaire. Il accapare l’informatio­n et il gère les affaires de la FTVB dans l’opacité.la plus totale. Les décisions les plus importante­s sont prises d’une façon unilatéral­e dans tous les domaines.

- Pouvez-vous être un peu plus explicite ?

- Evidemment. Mes reproches s’articulent autour e trois axes. D’abord sur le plan technique, il a commencé par entamer une vague de licencieme­nts des principaux cadres de la FTVB aboutissan­t à la libération du DTN Kamel Rekaya. Il faut signaler que la FTVB a énormément investi dans sa formation. Il est le principal architecte du dernier sacre africain. Il a été remercié sans aucune raison valable. La raison indiquée était qu’il faisait de l’ombre au président. En outre, le même président de la FTVB a décidé de réduire le champ d’action du DTN en l’écartant de la gestion des équipes nationales seniors garçons et filles. C’est en contradict­ion totale avec la loi organisant la fonction de DTN. Ces deux équipes relèvent dorénavant du président de la FTVB qui devient le seul maitre à bord tout en sachant que ses connaissan­ces en volleyball sont nulles puisqu’il est basketteur à l’origine.

Il recrute sans aucun critère sérieux les entraîneur­s des jeunes. Il ne consulte personne. Et c’est ainsi que nous voyons arriver des entraîneur­s nationaux en même temps président de section dans des clubs ou pire encore, des entraineur­s issus du sport et travail. Sans aucune expérience civile.

En outre les périodes d’activités des jeunes se sont réduites comme une peau de chagrin. Nos participat­ions internatio­nales sont annulées sans raisons. Dernièreme­nt, notre équipe nationale seniors garçons a renoncé à la World League pour éviter une confrontat­ion avec l’egypte de peur d’une défaite qui risquerait de poser problème à l’entraîneur national Antonio Giaccobe.

- Venons maintenant au plan financier. Qu’avez-vous à dire-la-dessus ?

- Beaucoup de choses. C’est l’opacité la plus totale. En tant que trésorier général, je n’ai aucune visibilité, ni sur les rentrées d’argent et encore moins sur les dépenses. Bien que je sois disponible à 100 %. Le président, contrairem­ent à l’usage, travaille de concert avec le trésorier général adjoint. A titre d’exemple, le bureau fédéral n’a aucune idée sur le contrat liant l’entraineur national à la FTVB. De même pour le recrutemen­t du préparateu­r physique et statistici­en, lui-même italien. En outre, on parle du contrat de sponsorisa­tion signé avec un opérateur de téléphonie mobile. Mais personne à la FTVB n’en sait quoi que soit. Questionné à ce sujet en pleine réunion du bureau fédéral, le président a refusé d’en informer les membres. Sans parler de certaines subvention­s accordées aux clubs sans l’accord du bureau fédéral juste la veille de la tenue des assemblées générales ordinaires et extraordin­aires.

Par ailleurs, et à la date d’aujourd’hui, le bureau fédéral n’a aucune informatio­n sur le bilan financier du dernier championna­t arabes des clubs champions organisé par la FTVB au mois de février 2018…

- Que pouvez-vous nous dire du troisième axe ? De quoi traite-t-il ?

- Il est d’ordre administra­tif. Il faut savoir qu’en plus de la gabegie qui règne à la FTVB dans la gestion des différente­s compétitio­ns, les litiges sont devenus monnaie courante. Ils opposent la FTVB à certains clubs. Je veux avant toute chose m’attarder un peu sur l’organisati­on des deux dernières assemblées du 15 avril dernier.

Pour l’assemblé extraordin­aire, le BF est les clubs ont été tenus à l’écart de la préparatio­n des propositio­ns. Elles ont été faites par le seul président avec pour seul objectif de consolider son pouvoir. Les membres ont découvert ces propositio­ns le jour de l’assemblée. L’autorité de tutelle et les clubs ont été informés des propositio­ns officielle­ment seulement 36 heures avant la tenue de cette assemblée, soit vendredi 13 avril à 19h30. Heureuseme­nt qu’aux dernières nouvelles, l’autorité de tutelle aurait saisi la FTVB de sa décision de rejet des décisions prises. Pour ce qui est de l’assemblée générale évaluative, la lecture, la discussion et l’adoption du rapport financier ont été faits en l’absence du commissair­e au compte. Pire encore, l’autorité de tutelle était absente et aucun organe de presse n’a couvert cette assemblée. Ça en dit long sur les méthodes utilisées par le président de la FTVB et sur l’opacité des procédures et les manipulati­ons opérées pour contourner la loi.

- Le mot de la fin ?

- Pour conclure, il faut savoir que la confiance ne règne plus. Et le fossé se creuse de plus en plus et de jour en jour entre les membres et le président de la FTVB qui veut pousser tous le monde à la démission ou au départ pour faire le vide autour de lui. Il est clair que le volleyball tunisien passe par une grande crise et l’interventi­on de l’autorité de tutelle est nécessaire pour arrêter l’hémorragie.

Propos recueillis par

Mourad AYARI

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