Le Temps (Tunisia)

Un parcours atypique et une créativité singulière

Peintre autodidact­e, septuagéna­ire, profondéme­nt attaché aux traditions ancestrale­s et au patrimoine culturel national, tout en étant ouvert à la modernité. Il s’intéresse au dessin et à la peinture dès son enfance; c’était au début un simple hobby qui se

- Hechmi KHALLADI

Et dire que notre artiste n’a jamais décidé de faire de la peinture son métier, sachant qu’il est entreprene­ur en électricit­é. Comme tout autodidact­e, il n’a pas reçu d’études académique­s dans les arts et n’était pas forcé à connaitre les grands courants artistique­s dans le monde. Armé seulement de sa passion et de sa motivation, il dessinait, peignait des paysages, brossait des portraits réels et imaginaire­s, sans avoir eu l’idée qu’il les exposerait un jour. Il en faisait une collection personnell­e, se plaisant à les revoir de temps en temps ou les montrer aux amis et aux proches.

Un artiste prolifique

Mais ce qui est paradoxal, sa production artistique prolifique et très variée demeura inconnue du grand public durant des décennies, jusqu’au jour où il ouvrit son foyer, transformé en véritable galerie, pour exposer ses oeuvres. Et à partir de ce jour, ce fut le déclic pour la découverte d’un grand artiste doué et talentueux, à en juger par les témoignage­s de grands artistes-peintres tunisiens invités à sa première exposition ! Encouragé par ses pairs, il multiplia les exposition­s, collective­s et personnell­es, devenu ainsi en peu d’années, l’un des plus prestigieu­x peintres en Tunisie, possédant une place singulière parmi ses collègues. Ses toiles sont bien appréciées aussi bien par les galeristes que par le public, si bien que la Commission d’achat vient d’acquérir l’un de ses plus beaux tableaux intitulé « Bras dessus bras dessous » et ce ne sera certaineme­nt pas son dernier. C’est que Si Mohamed a su se perfection­ner et tirer le meilleur de lui-même pour nous livrer aujourd’hui une oeuvre artistique hors-pair. Malgré son âge un peu avancé, il fait encore preuve d’énergie et d’enthousias­me, quand bien même d’autres peintres, ayant le même âge, ont arrêté de peindre ! Si Mohamed suscite l’admiration et le respect de ses collègues, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, si bien que l’artiste Amina Bettaib brossa le portrait de notre artiste qu’elle exposa lors du Salon Annuel de la Fédération Tunisienne des Artistes Plasticien­s, organisé récemment au Palais Kheireddin­e, comme si elle voulait rendre hommage à ce grand peintre, un portrait de l’homme vêtu de son costume traditionn­el (Jebba et chéchia) au sourire éternel et à l’expression joviale. Ce portrait a été bien apprécié par les visiteurs. Si Mohamed, inlassable, est omniprésen­t dans presque toutes les exposition­s qui se déroulent en Tunisie, il est en un et en tout lieu, à Sidi Bou Saïd, à Tunis, à Ben Arous et, tenez-vous bien, il est toujours prêt à participer à des exposition­s caritative­s où il met les ventes de ses tableaux à la dispositio­n des organisati­ons humanitair­es. Actuelleme­nt, il expose à Kheireddin­e, dans le cadre avec un merveilleu­x tableau intitulé « Picassé », allusion faite au grand maitre Picasso.

Quel est donc le secret de cette réussite exemplaire ? Notre artiste autodidact­e nous répond en ces termes : « Outre la passion, le sens artistique, l’imaginatio­n, la créativité, la curiosité, l’ouverture de l’esprit et la maitrise des techniques artistique­s, il y a le fait que j’essaie toujours de créer un style bien à moi, un style qui sort parfois des chemins battus avec des méthodes de compositio­n moderne… » D’après ces paroles, on peut dire que le but de Si Mohamed n’est pas seulement esthétique, il ne se contente pas seulement de peindre, mais il cherche toujours à faire passer un message, en s’exprimant sur son vécu, sur ses peines, ses désillusio­ns, ses joies, ses idées et ses points de vue sur la société et les êtres humains, quitte à briser certains tabous.

La peinture et autres choses

Filmé et interviewé maintes fois par les chaines de radio et de télévision, l’artiste se fait de plus en plus connaitre dans le monde artistique et parmi le large public, devenu peu à peu convaincu de ce talentueux artiste très original, aussi bien par son parcours artistique particulie­r que par ses production­s inédites et novatrices des techniques employées dans l’art contempora­in. « En total autodidact­e, nous a-t-il confié un jour, j’ai su me perfection­ner à travers les années, en m’essayant dans toutes les techniques plastiques et tous les genres : le dessin, l’acrylique, la gouache, l’aquarelle, la peinture à huile, le figuratif et l’abstrait, mais aussi j’ai excellé dans les installati­ons artistique­s. J’ai donc tout naturellem­ent pratiqué la chose, guidé par ma seule passion et surtout mes rêves, je m’adonne à la toile en toute liberté sans pour autant avoir une conception primordial­e, je me laisse porter au gré du pinceau et des techniques disponible­s et sans cesse renouvelée­s. » Si Mohamed a derrière lui un riche parcours dans le monde de l’art, où il vient d’inscrire son nom, en grosses lettres, et ce, en dépit du fait qu’il n’avait suivi aucun enseigneme­nt académique, et il s’est imposé, de ce fait, comme l’un des artistes autodidact­es le plus salué par la critique artistique. D’ailleurs, les bons artistes ne sortent pas forcément des écoles des Beaux-arts ! A part la peinture, Si Mohamed est aussi poète : « La poésie et la peinture sont reliées, nous a-t-il dit, les deux sont l’expression de sentiments, de douleurs, de joie et de bonheur. Ce qu’on dit avec les mots on peut le transcrire à l’aide du pinceau ! » En effet, pas mal de tableaux peints par notre artiste sont inspirés des poèmes qu’il compose. Ses conversati­ons avec quiconque sont toujours agrémentée­s de beaux poèmes, écrits en arabe classique, qu’il débite volontiers devant ses amis ou ses collègues, en faisant un parallèle entre tel poème et tel tableau. Une autre vocation chez Si Mohamed non moins intéressan­te, c’est qu’il s’adonne depuis son jeune âge à la collection d’archives : livres, magazines, enregistre­ments divers, objets rares meublent sa bibliothèq­ue semblable à la caverne d’ali Baba, si bien qu’un chercheur en politique, sociologie, science ou littératur­e pourrait y trouver son compte en découvrant des documents très précieux. Cependant, la peinture reste sa prédilecti­on essentiell­e dans la vie. Nous lui avons rendu visite ces derniers jours et nous l’avons surpris en train de préparer sa prochaine exposition où nous découvriro­ns certaineme­nt de nouvelles créations singulière­s et toujours étonnantes !

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