Le budget des armées, un autre symbole du gaspillage des fonds publics au Liban
Quatre ans après la première conférence de Rome, le gouvernement libanais a de nouveau sollicité l’aide d’une quarantaine de pays pour soutenir ses armées lors du sommet intitulé « Le Liban, bâtir la confiance : une sécurité viable pour le pays et la région » qui s’est tenu le 15 mars dans la capitale italienne. Tandis que les ministres de l’intérieur, de la Défense nationale et des Affaires étrangères ont présenté leurs « plans quinquennaux » pour leurs ministères respectifs, ils ont reçu des promesses d’engagements de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars pour les cinq à dix ans à venir. La France aurait par exemple ouvert une ligne de crédit de 400 millions d’euros, sans précisions sur la nature de cette aide – entraînements, transferts d’équipements, couverture des frais de gestion, etc.
Malgré les garanties émises par Beyrouth, le volet militaire du budget 2018 voté le 29 du même mois par le Parlement illustre pourtant à nouveau le manque de sérieux lors de l’allocation des fonds publics, l’absence flagrante d’une vision des forces libanaises d’une défense nationale tournée vers l’efficacité, et le non-respect des promesses envers les donateurs militaires traditionnels. Contrairement aux idées reçues, Beyrouth dépense beaucoup sur sa défense, mais dépense mal ! En comparaison à certains pays dits riches, telle la France qui dépense en moyenne aux alentours de 2 % de son PIB sur sa défense nationale, le Liban a dépensé en moyenne, entre 2001 et 2018, plus ou moins 4,4 % de son PIB sur ses forces armées. Pour autant, ce pourcentage est en constante diminution depuis le début du siècle, alors que les menaces qui pèsent sur le pays du Cèdre ne font que s’aggraver : voisins conquérants, puissants groupes djihadistes à visées territoriales et prolifération régionale en matière cybernétique et balistique. Par exemple, alors que la Syrie s’enflammait en 2011, l’état libanais a réduit son budget militaire de 1,627 milliard de dollars à 1,622 milliard de dollars en 2012, une tendance maintenue en moyenne jusqu’en 2018.
Dépendance
Le volet militaire du budget 2018 ne s’est pas attaqué à la grande dépendance des forces armées libanaises aux dons étrangers. Aucun programme de production domestique de matériel à usage militaire, même les moins coûteux tels les outils de cyberattaque et de cyberdéfense, n’y est prévu...