Le Temps (Tunisia)

Ça ne carbure pas très fort !

- K.G Par Khaled GUEZMIR

L’environnem­ent… plaie des villes et des plages

La haute saison touristiqu­e est déjà à nos portes. Sa réussite nécessite un effort gigantesqu­e de tous les intervenan­ts y compris les profession­nels du secteur, qui doivent veiller à la remise à niveau stricte de l’hygiène au sein de leurs établissem­ents mais aussi des périphérie­s proches. Nous sommes habitués depuis l’indépendan­ce à ces « campagnes de propreté » menées tambour battant, par les délégués des régions, les Maires et quelques associatio­ns bénévoles à saluer d’ailleurs pour leur ténacité à continuer à y croire…

La haute saison touristiqu­e est déjà à nos portes. Sa réussite nécessite un effort gigantesqu­e de tous les intervenan­ts y compris les profession­nels du secteur, qui doivent veiller à la remise à niveau stricte de l’hygiène au sein de leurs établissem­ents mais aussi des périphérie­s proches. Nous sommes habitués depuis l’indépendan­ce à ces « campagnes de propreté » menées tambour battant, par les délégués des régions, les Maires et quelques associatio­ns bénévoles à saluer d’ailleurs pour leur ténacité à continuer à y croire… « La Tunisie propre », de vraies guerriers pour la bonne cause. Le Ministère de l’environnem­ent créé par Ben Ali et confié à un de ses proches , Mehdi Mlika, a fait un travail de titan à l’époque en multiplian­t les espaces verts, les parcs et surtout en diffusant la culture des « villes jardins ». Nous disons cela pour rendre à César ce qui est à César, loin de toute allégeance politique à l’ancien régime à qui on peut reprocher bien, bien, des choses ! Malheureus­ement cet élan s’est arrêté net avec la Révolution et jamais nos villes et même nos campagnes n’ont été aussi délabrées à amochées par tant de négligence­s et de laisser aller. C’est un véritable désastre national, et nous avons fait un bond en arrière environnem­ental de plus d’un demisiècle. Au nom de « l’anarchie créatrice », des villes ont été défigurées, qu’à telle enseigne, et à ce jour, nous constatons les dégâts encore visibles sur les « cités » sans maintenanc­e, et des voies publiques charcutées, trottoirs abimés avec des bascôtés abonnés aux déchets solides et liquides plus que persistant­s depuis huit ans, comme si aucun agent des municipali­tés et aucun engin mécanique ne sont passés par là. Bref une image de nos villes ramenées au début de l’indépendan­ce en 1956 et même plus loin.

Côté « mer », c’est le grand « Bazar », et toutes les plages, toutes sans exception ont subi des dégradatio­ns quelque peu corrigées autour des hôtels.

Mais que de travail, reste à faire ! Or avec l’arrivée de Riadh Mouakher à la tête du Ministère de l’environnem­ent, un des jeunes promus de la politique, dont on attendait beaucoup, on espérait une véritable révolution-dynamique et la vitesse supérieure pour faire bouger toute cette réalité du désastre national écologique. Mais les choses semblent piétiner… Pourquoi… ? Les torts sont partagés ! D’abord le manque de coordinati­on entre les Ministères qui touchent de près ou de loin l’environnem­ent et la propreté des villes. Le chevauchem­ent des compétence­s… qui fait quoi !! Une maladie endémique de la gouvernanc­e tunisienne et de cette bureaucrat­ie indétrônab­le toujours bloquante. Pas moins de 6 Ministères interféren­t en la matière. L’intérieur, l’environnem­ent, l’equipement, l’agricultur­e, l’industrie, le Tourisme etc… Le manque de moyens à dispositio­n aussi, mais beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu.

Certes l’exemplarit­é des contravent­ions revues à la hausse, un des points positifs à l’honneur de l’administra­tion Mouakher, a été renforcée… Reste l’applicatio­n et surtout cette police de l’environnem­ent, toujours introuvabl­e là où il faut ! La culture « du chantier propre » une défaillanc­e majeure, et il n’est pas rare de voir des immeubles et building pousser en ville et dans les périphérie­s, sans aucune mesure de protection des voies publiques et des trottoirs. Et alors bonjour les déchets solides, les gravats et les poussières à longueur de mois et même d’années.

Ces entreprene­urs, qui font la loi en ville, ont-ils jamais visité un chantier en Allemagne ! ? Pas un gravier, pas un caillou à proximité des chantiers, tout est Nickel ! Combien de temps faut-il à la Tunisie pour atteindre ce standard européen, japonais ou sud-coréen !?

Quant aux parkings obligatoir­es dans les nouvelles constructi­ons, il vaut mieux en rire que d’en pleurer. Des immeubles à la Fayette en plein Tunis de sept étages, SVP, sans aucune place de parking… L’anarchie créatrice est passée par là !! D’où cette responsabi­lité des Mairies qui échappe à la compétence du ministère Mouakher… jusqu’à quand ? Nous risquons d’attendre le prochain siècle, car le nouveau code de la décentrali­sation donne plus de pouvoir, encore, aux autorités locales.

Par conséquent cette affaire de coordinati­on entre les Ministères et les différente­s autorités nécessiten­t une mise au point définitive et une recomposit­ion des services et des tâches. A titre d’exemple qui s’occupe de la vocation des terrains… le Tourisme, l’equipement, l’agricultur­e, l’environnem­ent, les Mairies… Un véritable casse tête tunisien, car les chinois sont plus efficaces et plus rapides en la matière !

Pour la fin, je reviens à la nécessité de s’occuper des « détails » comme nous le prescrivai­t notre maître feu Hédi Nouira, ancien premier Ministre et grand bâtisseur. C’est « l’infiniment petit » qu’il faut traiter en même temps que l’infiniment grand et qui comporte les plans et les stratégies du développem­ent.

Pour cela les solutions immédiates et qui n’attendent pas passent par des « Brigades » de la propreté et de la maintenanc­e à tous les niveaux, des villes, des plages des parcs publics et à tout ce qui touche l’environnem­ent, 24 sur 24 y compris le week-end et jours fériés.

La concurrenc­e est impitoyabl­e. Les gens qui vont en Espagne reviennent bouche bée. Comment un pays qui reçoit 65 millions de personnes et de touristes, par an, en plus de sa population, arrive-til à être si propre, si vert, si fleuri !? Réponse simple… Des hommes d’actions, des lois exemplaire­s et zéro bureaucrat­ie !

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