Le Temps (Tunisia)

1981… circulez, y a rien à voir

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De toute façon, cela ne vaut pas le coup. Sauf peut-être pour rectifier le tir. Et inverser la donne. La fameuse circulaire serait, paraît-il, toujours portée disparue et inscrite aux abonnés absents. Cela n’empêche aucunement pourtant, tous ceux qui s’arrangerai­ent bien de sa rhétorique, d’en convoquer l’usage en faisant fi de la Constituti­on de 2014, afin de tuer dans l’oeuf toutes velléités de libertés individuel­les sous nos latitudes, lesquelles ne savent plus, du coup, à quel saint se vouer. Pourtant, les choses sont claires et ne supportent aucune équivoque : la liberté de conscience, tout comme son corollaire, la liberté du culte, sont bien inscrites dans cette fameuse constituti­on qu’il faut respecter à la lettre. Prêcher le contraire serait donc une entrave à ces libertés. Et une manière de créer de dangereux précédents en la matière, en semant le doute sur des questions fondamenta­les, qui forment le socle sur lequel s’appuie le droit tunisien pour trancher, à chaque fois qu’il est mis à contributi­on sur des sujets aussi sensibles que celui de la liberté de jeûner ou pas jeûner.

Sachant que lorsque Mzali, à l’époque, avait entamé son travail de sape sur la société pour la cliver, et en trafiquer l’identité profonde ; ladite circulaire n’était pas passée inaperçue non plus. Dans la balance, Bourguiba pesait de tout son poids alors, ce qui fait toute la différence. L’auteur du « Bon grain de l’ivraie » qui marche allégremen­t dans ses pas ne doit pas demeurer évasif sur la question en noyant le poisson pour ne pas fâcher ses alliés –circonstan­cielsd’aujourd’hui. Il doit aussi trancher. Sans sourciller. Par respect pour la Constituti­on, censée être garante de toutes les libertés. De plein droit, et de plein fouet…

Samia HARRAR

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