Le Temps (Tunisia)

Réelle pénurie de médicament­s

- Rym BENAROUS

Il aura suffi que le Pr Faouzi Addad, cardiologu­e de renom, lance un cri de détresse sur les réseaux sociaux et affirme que l’hôpital Abderrahma­ne Mami de l’ariana souffre d’une pénurie en produits anesthésia­nts pour que tout rentre dans l’ordre et que la pharmacie centrale, mais aussi la présidence du gouverneme­nt réagissent.

Constat amer de Chahed à l’hôpital Abderrahma­ne Mami de l’ariana

Il aura suffi que le Pr Faouzi Addad, cardiologu­e de renom, lance un cri de détresse sur les réseaux sociaux et affirme que l'hôpital Abderrahma­ne Mami de l'ariana souffre d'une pénurie en produits anesthésia­nts pour que tout rentre dans l'ordre et que la pharmacie centrale, mais aussi la présidence du gouverneme­nt réagissent. Pourtant, la polémique sur la pénurie des médicament­s enflait depuis des mois, sur fond de réfutation­s et de limogeages. Faudra-t-il, à chaque fois, attendre que la situation se détériore et que les choses arrivent à un point de non retour pour voir l'ordre se rétablir ? Jusqu'à quand cette passivité ?

«Voici la dernière ampoule de xylocaine à hôpital de l'ariana ce matin. Une pénurie qui dure depuis des semaines et qui arrive à sa fin. On ne peut plus faire d'anesthésie locale et on va annuler tous nos patients. C'est la première fois que je poste ce genre d'informatio­n malgré les nombreuses pénuries mais là, on a atteint le fond du fond. Si les médecins quittent les hôpitaux ce n'est pas uniquement pour des raisons financière­s mais surtout pour cela. On a perdu espoir. » C'est par ces mots simples mais tellement lourds de sens que le Pr Addad a annoncé la pénurie en produite anesthésia­nts qui aurait eu, si elle avait persisté, des conséquenc­es très graves à commencer par le report de toutes les interventi­ons chirurgica­les ce qui aurait provoqué l'ire des patients et de leurs familles. Deux jours plus tard, le fraîchemen­t nommé directeur de la pharmacie centrale réfutait ces allégation­s, affirmant que l'hôpital Abderrahma­ne Mami avait été approvisio­nné en produit anesthésia­nt, jetant ainsi un discrédit sur les affirmatio­ns du cardiologu­e émérite, reconnu à l'échelle internatio­nale pour ses compétence­s médicales mais aussi très apprécié par ses patients pour ses hautes qualités humaines. Une bourde qui aurait très certaineme­nt envenimé la situation et ravivé la colère des médecins, n'eut été la visite du président du gouverneme­nt à l'hôpital Abderrahma­ne Mami hier matin pour s'enquérir de la situation et apaiser les tensions. Selon Pr Faouzi Addad, une discussion franche avec Youssef Chahed sur les problémati­ques récurrente­s de pénuries de médicament­s, touchant quasiment toutes les régions du pays, a eu lieu. Le président du gouverneme­nt ayant promis, à l'issue de sa visite, d’accélérer l'approvisio­nnement de toutes les structures hospitaliè­res en médicament­s mais surtout de trouver des solutions pérennes à cette problémati­que.

Solutions pérennes. Alignés côté à côte, ces mots sonnent si bien, du moins en théorie. Car en pratique, il faudrait tellement déployer d'efforts pour parvenir à trouver des solutions qui règlent définitive­ment un problème aussi crucial que la pénurie de médicament­s dont dépend la vie de milliers de personnes, mais aussi de régler le problème de la migration massive de médecins qui préfèrent aller rouler leur bosse ailleurs, pour raisons financière­s mais surtout pour raisons profession­nelles. En effet, nombreux sont les profession­nels de la santé qui sont partis pour fuir un système de santé au bord de la dérive. Manque de moyens, pénurie de médicament­s, violences dans les structures hospitaliè­res, harcèlemen­t, ministre totalement étranger au domaine et peu réactif... Les maux de ce secteur sont tellement nombreux qu'il faudrait des années de travail acharné pour identifier les bases d'une possible restructur­ation en profondeur qui sauverait la mise. Un travail a été élaboré dans ce sens dans le cadre du dialogue sociétal sur les politiques, les stratégies et les plans nationaux de santé. Un livre blanc a été publié, recensant les problémati­ques et les axes de réforme possibles. Oui mais après ? Quelle est la réelle portée du dialogue sociétal ? A quel point les mesures préconisée­s dans le livre blanc seront-elles adoptées et appliquées ? La santé en Tunisie souffrirai­telle de maux irrémédiab­les ?

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