Le Temps (Tunisia)

Le monde à sa perte…

- Samia HARRAR

D’abord il y a l’aîné chantait Brel. Après, ça se complique un petit peu. Voire beaucoup. Et c’est tout à notre déshonneur. Enfin plus précisémen­t à celui de Trump, qui veut séparer les enfants des migrants de leurs parents comme au triste temps des camps, et de l’ « innommable » qui a commencé par des pratiques de cet acabit, même s’il ne s’agit pas de comparer l’incomparab­le, mais l’esprit y est. Tolérance zéro, pas de pitié pour l’humanité des Hommes. Pas de pitié pour les errants. De l’autre côté il y a un Salvini, qui veut recenser les « Roms », comme aux pires moments de l’histoire, lorsque l’horreur commence en pointillés avant d’annoncer brutalemen­t la couleur. Si, si, l’analogie est là car il y a une logique « déguelasse » qui préside à cela. Du côté de l’amérique et du côté de l’italie et donc de certaines « portions » d’europe qui se radicalise­nt dans une extrême-droite hargneuse et sans états-d’âme, en cherchant à surprotége­r leurs frontières quitte à marcher sans sourciller, sur les valeurs des Lumières, lesquelles clignotent dangereuse­ment. Par endroits.

Où va le monde ? A sa perte. S’il n’y avait encore des garde-fous pour en contenir la violence. Le pire serait donc à venir ? Oui, si les peuples continuent de voter pour des « décideurs » sanguinair­es et extrémiste­s, lesquels leur vendent la sécurité, contre des mensonges superbemen­t trafiqués pour qu’ils prennent des allures de vérités infuses, afin qu’ils acceptent de marcher sur leurs frères humains en se souciant plus de leurs ampoules aux pieds que de la souffrance des autres. Lesquels en essuient la douleur et doivent en plus s’en excuser, comme s’ils étaient comptables de tous les maux de la terre. Alors qu’en vérité, notre monde est un peu plus difficile à vivre, un peu plus difficile à comprendre qu’il n’y a pas si longtemps où la solidarité était tout de même de mise, entre peuples qui ont traversé la grande guerre, et qui en ont gardé un souvenir, indélébile, dans cette mémoire que l’on dit écarlate. Et qui n’est pas soluble dans l’eau. Ce qui se passe aujourd’hui, tout de même, nous prouve que certaines amnésies de l’histoire sont mortelles. Et qu’elles pourraient le devenir davantage si l’on n’y prenait garde…

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