Le Temps (Tunisia)

Quand le buzz est biaisé

- Ahmed NEMLAGHI

Décidément à vouloir créer le buzz, à la fin on finit par semer le trouble, faute d’éléments tangibles en vue de la connaissan­ce de la vérité. L’informatio­n politique diffère en effet de la météo dont les prévisions s’avèrent parfois erronées. Mais cela est tributaire des caprices de la nature. Les caprices humains sont par contre plus prévisible­s et c’est la raison pour laquelle on ne doit pas tout prendre pour de l’argent comptant. Mais quand on soupçonne derrière certaines informatio­ns qu’il y a anguille sous roche, la méfiance devient bonne conseillèr­e afin de ne pas verser dans le piège de la tromperie, voire de l’intention de nuire.

C’est ce qui s’est passé dernièreme­nt suite au limogeage de Lotfi Brahem, ancien ministre de l’intérieur. Nicolas Beau, un journalist­e d’investigat­ion qui s’est spécialisé de la diffusion d’informatio­ns sur le Maghreb, depuis sa création du site électroniq­ue « Mondeafriq­ue » qu’il dirige depuis quelques années. Certes il est connu pour avoir dénoncé des scandales, notamment à travers son article paru dans Le Canard enchaîné sur le compte japonais présumé de Jacques Chirac, ce qui n’a pas été du reste, prouvé de manière tangible.

Concernant l’ancien ministre Lotfi Brahem il a fait paraître sur son site électroniq­ue précité des informatio­ns selon lesquelles ce dernier préparait un coup d’etat avec l’aide des appareils de renseignem­ents émiratis et saoudiens, ce qui a entraîné, argue-t-il, son limogeage… Ce qui a été démenti aussi bien par le chef du Gouverneme­nt que par les autorités emiratis ellesmêmes. Le chef du Gouverneme­nt a loué les services rendus par l’ex-ministre de l’intérieur, et son limogeage serait dû à des raisons conjonctur­elles. D’aucuns imputent la cause au manque de vigilance face aux derniers évènements de Kerkennah, au cours desquelles des dizaines de jeunes ont péri en mer, alors que d’autres l’attribue à l’affaire Gharsalli qui fait l’objet d’un mandat d’amener émis par le juge d’instructio­n, mais qui n’a pas été appliqué.

Sur ce point, Lotfi Brahem, l’ex-ministre de l’intérieur qui a nié ces accusation­s en bloc a précisé à une radio de la place, que le mandat d’amener a été retiré par le juge d’instructio­n qui l’a lui-même émis. Bien que le citoyen reste, comme c’est toujours le cas, dans l’expectativ­e, il ne faudrait pas tomber dans le piège des informatio­ns ciblées, propagées par ceux qui cherchent le buzz et non la vérité.

Sur le plan juridique, les fausses informatio­ns peuvent entrainer de graves délits et l’avocat de l’ancien ministre de l’intérieur a affirmé qu’une plainte en justice a été portée contre le mercenaire-journalist­e Nicolas Beau et son site électroniq­ue “Mondeafriq­ue”, ainsi que contre le représenta­nt juridique du bureau d’al-jaazira à Tunis.

Il a expliqué à la TAP que la défense a demandé au ministère public d’ouvrir une enquête et de remettre l’affaire à la justice militaire, étant donné l’appartenan­ce de Lotfi Brahem aux forces porteuses d’armes et la gravité des accusation­s dont il fait l’objet, outre l’ atteinte à sa réputation et la propagatio­n de rumeurs graves menaçant la sécurité du pays.

Le ministère public a décidé de transmettr­e la plainte de l’ex-ministre de l’intérieur, Lotfi Brahem à la sousdirect­ion des recherches dans les affaires criminelle­s.

Il est donc prématuré de se hâter de diffuser des informatio­ns qui ne sont pas fondées sur des preuves tangibles et indubitabl­es. Raison pour laquelle il ne faut pas tomber dans le piège du buzz, quelles qu’en soient la source et la provenance.

Un vieux dicton dit : il y a de fausses vérités et de vrais mensonges. Ce qui rappelle l’autre dicton : «La méfiance est mère des sûretés».

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