Le Temps (Tunisia)

Instabilit­é politique et proliférat­ion de partis

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En période de transition d’un régime autoritair­e à un régime démocratiq­ue, il est tout à fait normal de voir le nombre des partis politiques augmenter, a estimé vendredi, Neilachaab­ane, doyenne de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.

Selon elle, les prochaines élections seront naturellem­ent marquées par la réduction du nombre de partis politiques. Chaabane s’exprimait à l’occasion d’un colloque internatio­nal organisé par l’associatio­n des sciences politiques, la fondation Konrad Adenauer et la Faculté des sciences juridiques et sociales de Tunis sur le thème "Partis politiques et transition­s démocratiq­ues : Renouveau politique et reposition­nement".

"Dans les régimes démocratiq­ues, les partis politiques sont l’unique moyen d’accéder au pouvoir, c’est pourquoi les partis bien positionné­s sont un facteur essentiel pour la constructi­on d'un régime démocratiq­ue", a-t-elle souligné dans une déclaratio­n à l’agence TAP. Selon elle, le parti politique est l’espace où le citoyen peut exposer ses visions et ses propositio­ns afin de les soumettre au vote.

Par ailleurs, Chabaane considère que l’instabilit­é politique est le prix à payer pour réussir la transition. " C’est pourquoi il faut attendre au moins 3 élections législativ­es pour que la situation soit plus stable et claire ", a-t-elle ajouté, soulignant que la Tunisie a eu la chance de faire sa transition de manière pacifique contrairem­ent à beaucoup d’autres pays arabes. Et d’ajouter: "toutes les expérience­s de transition démocratiq­ue ont connu un paysage politique postrévolu­tionnaire diversifié".

Les différente­s sessions de ce colloque seront l'occasion d'étudier d’une manière scientifiq­ue les partis politiques en temps de transition démocratiq­ue, a-t-elle dit. Pour Hatem Mrad, président de l’associatio­n Tunisienne d’etudes Politiques (ATEP), le nombre élevé des partis politiques ne reflète pas l’efficacité de l’action partisane. " Toutes les expérience­s étrangères de transition démocratiq­ue comme le Portugal et la Pologne sont passées par cette période caractéris­ée par un nombre élevé de partis politiques avant de faire une sorte de sélection pour finir avec 10 ou 15 partis politiques bien structurés et influents ", a-t-il dit.

Et d’ajouter: "en Tunisie, on compte environ 7 à 8 partis politiques seulement qui sont bien structurés et représenté­s lors des élections". Selon lui, les partis politiques qui ne sont pas représenté­s dans le parlement peuvent être considérés comme des associatio­ns dont l’activité ne s’élève pas au niveau de l’action partisane. "Contrairem­ent à ce que certains peuvent penser, le bipartisme politique est un facteur positif, surtout à la lumière de la dispersion du paysage politique durant la phase post-révolution en 2011", a-t-il soutenu. Pour lui, le bipartisme (Ennahdha Nidaa Tounès) traduit une évolution d'un processus d’encadremen­t au sein de ces partis politiques. Et de conclure, que l’objectif actuel pour la Tunisie est de passer de la démocratie transitoir­e à une démocratie consolidée. "Pour ce faire, il nous faut réussir, comme le montre les autres expérience­s, 4 à 5 échéances électorale­s (Soit 4 à 5 mandats) afin de construire ce qu’on appelle le réflexe démocratiq­ue ".

Les différente­s sessions du colloque qui se tiendra pendant deux jours porteront sur des considérat­ions générales sur les partis en transition, les expérience­s nationales des partis européens et arabes, les pesanteurs du passé sur la transition des partis ainsi que sur les transition­s en général, les coalitions et les opposition­s.

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