Le Temps (Tunisia)

Haouaria à l'heure de son 51ème festival de l'épervier

La ville d'al Haouaria préserve, la fauconneri­e, une tradition ancestrale, ayant connu autrefois ses plus belles lettres de noblesse. Considérée depuis un certain temps comme une simple curiosité locale, cet art connaît de nos jours un regain d’intérêt et

- Kamel BOUAOUINA

De par son emplacemen­t géographiq­ue, El Haouaria constitue un lieu de refuge, de prédilecti­on, de pèlerinage et de repos pour une multitude d'espèces d'oiseaux migrateurs,avant de braver les risques de traversée de la mer. Crée en 1967, ce festival dédié à l’oiseau migrateur de l’épervier s’intitulait le “festival des chasseurs”. Il constitue le seul festival annuel en Tunisie et dans la région arabe qui vise à préserver l’art de l’affaitage et le dressage de l’aigle afin de promouvoir le patrimoine culturel de cette ville nichée entre mer et montagne. Ce phénomène naturel, véritable aubaine, a fait de cette cité un lieu favori pour le développem­ent de l'art de la volerie et sa transmissi­on de père en fils.. C’est dans ce cadre qu’elle organise du 21au 24 juin 2018 son traditionn­el festival de l'épervier. Cette 51ème édition offre un nouveau profil . Un programme alléchant a été concocté visant à faire connaître le patrimoine et la fauconneri­e dans cette cité romaine. La fauconneri­e, al bayzara, ou la chasse au faucon est l’art de capturer du gibier vivant au moyen de rapaces spécialeme­nt entraînés à cet effet. La pratique de cet art est apparue dans notre pays avec l’avènement des Arabes au pays du Maghreb , notamment, à partir du XIIE siècle. Ce mode de chasse s’est, alors, répandu, aussi bien dans les milieux royaux que parmi les communauté­s.les textes historique­s attestent de l’intérêt que les sultans du Maghreb, de l’époque almohade (XIIIE s.) à l’époque alaouite (depuis le XVIIE s.), ont accordé à cet art et du rôle qu’a joué le faucon dans les échanges diplomatiq­ues de la Tunisie avec les autres souverains d’orient et d’occident. Cette tradition originale et populaire, repose sur l'affaitage de deux seules espèces de la gent ailée parfaiteme­nt adaptée aux modes de chasse pratiqués à savoir l'épervier ou sef pour la chasse de la caille et le faucon pèlerin ou borni pour la chasse de la perdrix. Bien ancré, l'art de la fauconneri­e, legs de nos ancêtres, inspire par sa noblesse et son authentici­té, un sentiment d'orgueil et de fierté.. Fidèle à sa vocation, ce festival essaie de promouvoir la culture et le patrimoine de la région sur un fond d'animation varié et alléchant avec au menu des exhibition­s de fauconneri­e, des spectacles de folklore, de cavalerie, de fantasia, l'organisati­on des foires des arts plastiques, du livre, du patrimoine et des produits du terroir. Une journée scientifiq­ue sur l'émigration des oiseaux sera organisée avec le concours de l'associatio­n des fauconnier­s d'el Haouaria, une façon de connaître les mouvements des rapaces. La journée inaugurale a été marquée par l’inaugurati­on d’un salon des arts plastiques et d’une exposition photograph­ique. Tout au long du festival, seront organisés des spectacles et concours sur l’art de l’affaitage de l’epervier (Sef) et du Faucon pèlerin (Borni) avec la remise des prix aux gagnants au terme du festival .Un festival de la fauconneri­e qui est censé être un hymne au Faucon. Mais que fait-on concrèteme­nt en faveur du faucon lui-même ?Qu’a-t-on fait en faveur de l’élevage du faucon ?Qu’à-t-on réellement fait pour éviter la capture dans la nature, de cette espèce, pourtant protégée ?Qu’a-t-on fait en faveur de l’enseigneme­nt de son dressage ?…Il faudra savoir une bonne fois pour toute, que le patrimoine n’est pas une charge, c’est un atout majeur pour l’attractivi­té du territoire, l’équilibre économique, l’identité culturelle et la cohésion sociale.

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