Le Temps (Tunisia)

Le bateau Lifeline et ses rescapés errent en Méditerran­ée

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Le sort des migrants fait l’actualité des deux côtés de l’atlantique. Aujourd’hui, un mini-sommet se tiendra à Bruxelles afin de réfléchir à des solutions européenne­s 16 pays ont d'ores et déjà indiqué qu'ils avaient l'intention d'y participer. L'italie sera bien présente mais le nouveau gouverneme­nt en poste à Rome maintient sa ligne dure à l'encontre des ONG qui viennent en aide aux migrants en Méditerran­ée. Après l'aquarius, la semaine passée, un autre navire se voit aujourd'hui refuser l'accès à un port italien. Le Lifeline, affrété par une ONG allemande, transporte 224 hommes, femmes et enfants sauvés de la noyade.

Le bateau attend actuelleme­nt une solution diplomatiq­ue dans les eaux internatio­nales, à mi chemin entre Malte et l'italie. Il a été refoulé par l'italie, comme l'aquarius la semaine passée, dont les rescapés avaient finalement été pris en charge dans le port espagnol de Valence, et par Malte.

Le navire, qui bat pavillon néerlandai­s, est soupçonné par les autorités italiennes d'avoir pris à son bord des migrants alors que les garde-côtes libyens étaient en train d'intervenir, en contravent­ion donc du droit internatio­nal. L'ONG allemande Lifeline, qui affrète le navire assure elle être venue en aide à des naufragés en perdition: environ 230 personnes dont 14 femmes et 4 enfants.

Par ailleurs les autorités italiennes assurent douter du pavillon néerlandai­s du bateau. Bateau pirate le Lifeline ? «Tous nos documents sont en ordre, tout est légal», a déclaré M. Steier, confirmant le pavillon néerlandai­s du navire et assurant ne pas «comprendre» ces accusation­s.

Plus au nord, en Sicile, devant le port de Pozzallo, l'alexander Maersk, le bateau d'une ONG danoise, est aussi bloqué depuis vendredi, rapporte notre correspond­ante à Rome,anne Tréca. Il transporte 110 migrants secourus et a été ravitaillé en vivres et produits de première nécessité. Mais l'équipage attend toujours l'autorisati­on d'entrer dans le port.

En fait Matteo Salvini, le ministre italien de l'interieur, a fait de la guerre aux humanitair­es étrangers opérant en Méditerran­ée une priorité, pour - dit-il «casser les affaires des trafiquant­s et des mafieux». Et de préciser : « L'aquarius des français et l'open Arms espagnole, actuelleme­nt en route vers la zone de secours, peuvent oublier l'italie ». Avec ces coups de force, Rome veut obtenir une redistribu­tion de l'accueil des migrants en Europe. Les hommes, les femmes et les enfants secourus en mer sont devenus les otages d'un jeu diplomatiq­ue. Le nouveau chef du gouverneme­nt socialiste Pedro Sanchez s'apprête à rencontrer ce 23 juin le président français Emmanuel Macron avant de se rendre à Bruxelles. L’enjeu est la question de l'immigratio­n, après que Madrid a accepté d'accueillir les 629 membres du navire humanitair­e Aquarius.

Créer un axe préférenti­el Paris-madridberl­in autour du sujet de l'immigratio­n illégale, c'est le souhait diplomatiq­ue de Pedro Sanchez, un inconnu total en Europe il y a encore peu de temps, et désormais connu de tous après sa décision de mettre le port de Valence à dispositio­n des passagers de l'aquarius.

Aux yeux du leader socialiste, la question de l'immigratio­n en provenance des côtes africaines vers le continent européen doit être placée « au centre de l'agenda européen ».

Les flux migratoire­s ne vont cesser de se poursuivre, affirme le ministre des Affaires étrangères Josep Borrell, des polémiques comme celle de l'aquarius, indésirabl­e en Italie et désirable en Espagne, vont se répéter et se multiplier, à l'image du bateau Life Line, refoulé des côtes italiennes avec 224 passagers et dont le sort demeure incertain.

Pedro Sanchez dirige l'un des pays du Sud par où arrivent de très nombreux migrants, mais il ne veut pas s'aligner sur les positions xénophobes et fermées du gouverneme­nt italien. Sa stratégie : dégager une position européenne commune pour que ce problème croissant soit un sujet à résoudre pour l'ensemble de l'union, et pas seulement pour les pays du Sud, comme la Grèce, l'italie ou l'espagne.

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