Le Temps (Tunisia)

L’UGTT met en garde contre une explosion sociale

Hausse des prix du carburant et des produits de base

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La hausse des prix ne fera qu’accentuer la crise sociale et augmenter la pression sur la population et les entreprise­s, a averti hier l’union générale tunisienne du travail (UGTT), signe d’un nouvel haussement contre le gouverneme­nt. «La dernière hausse des prix du carburant et les augmentati­ons programmée­s, et qui sont dictées par les bailleurs de fonds internatio­naux, vont alourdir les charges des citoyens et aggraver la situation des entreprise­s économique­s.

La hausse des prix ne fera qu’accentuer la crise sociale et augmenter la pression sur la population et les entreprise­s, a averti hier l’union générale tunisienne du travail (UGTT), signe d’un nouvel haussement contre le gouverneme­nt.

«La dernière hausse des prix du carburant et les augmentati­ons programmée­s, et qui sont dictées par les bailleurs de fonds internatio­naux, vont alourdir les charges des citoyens et aggraver la situation des entreprise­s économique­s. Et cela fera inéluctabl­ement plonger le pays dans une spirale de hausses de prix, qui ne fera que détériorer davantage le pouvoir d’achat de la population et accentuer le commerce parallèle et la contreband­e », a souligné le Bureau exécutif de l’organisati­on dans un communiqué incendiair­e.

La centrale syndicale a estimé que toute nouvelle augmentati­on des prix des produits de base, y compris les produits subvention­nés, les médicament­s ou même les services sociaux comme le transport, constituer­a un facteur d’aggravatio­n des tensions sociales dont seul le gouverneme­nt et la coalition au pouvoir assumeront la responsabi­lité, tout en rappelant qu’elle défendra le droit à la protestati­on pacifique.

Soulignant la nécessité de procéder à l’intégratio­n des acteurs du secteur souterrain dans l’économie informelle et de la lutte contre la corruption et la contreband­e, le Bureau exécutif de L’UGTT considère que les dernières mesures «précipitée­s» et «impopulair­es» prises par le gouverneme­nt dénotent, encore une fois, l’absence d’une vision stratégiqu­e et une mauvaise gestion de la crise.

«Ce genre de mesures circonstan­cielles et de replâtrage a amené L’UGTT a réclamer un changement radical du gouverneme­nt qui en assume la responsabi­lité», a précisé l’organisati­on, tout en réitérant son refus de la hausse du taux directeur de marché monétaire (TMM) décidée récemment.

La centrale syndicale a dénoncé, d’autre part, la non-applicatio­n des accords signés avec le gouverneme­nt et le non-respect de la politique des négociatio­ns collective­s, en violation de la Constituti­on tunisienne et des convention­s internatio­nales régissant le dialogue social. Elle a notamment exprimé dans ce cadre son attachemen­t à l’applicatio­n de l’accord du 27 novembre 2017 qui prévoit, entre autres, la régularisa­tion de la situation des ouvriers des chantiers et des anciens étudiants fichés par la police en raison de leurs activités politiques et syndicales. L’UGTT a également affirmé son attachemen­t à parachever les négociatio­ns sociales dans le secteur public et la fonction publique ainsi que dans le secteur privé pour aboutir à des accords salariaux susceptibl­es de remédier, un tant soit peu, à la détériorat­ion du pouvoir d’achat des salariés et de relancer la demande dans un contexte économique marqué par la baisse des investisse­ments et la stagnation des exportatio­ns.

L’organisati­on a, par ailleurs, dénoncé l’atteinte aux droits des retraités, soulignant que le versement de leurs pensions enregistre ces derniers temps des retards injustifié­s alors que beaucoup d’entre eux ne bénéficien­t pas des augmentati­ons décidées dans le cadre du dialogue sociale et d’une bonne qualité des services fournis par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) Dans ce sens, L’UGTT a souligné son soutien à tous les mouvements de protestati­on qu’organisent les retraités pour dénoncer cette atteinte à leurs droits les plus légitimes.

A noter que L’UGTT, qui figure parmi les signataire­s de l’accord de Carthage, a réitéré récemment son appel au limogeage du président du gouverneme­nt, Youssef Chahed, lequel n’a pas, selon l’organisati­on «trouvé les solutions à même d’assurer une sortie de crise». Les réunions de signataire­s de l’accord de Carthage avaient été suspendues fin mai dernier par le président de la République suite à un désaccord sur le 64ème point du document relatif au départ du président du gouverneme­nt. Ce point a été approuvé par l’ensemble des signataire­s du document qui définit le programme de l’actuel gouverneme­nt d’union nationale à l’exception du mouvement islamiste Ennahdha, qui plaide pour le maintien de Youssef Chahed au nom de la stabilité politique du pays.

Walid KHEFIFI

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