Le Temps (Tunisia)

Ouverture du premier procès des bébés volés

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En Espagne, le premier procès des bébés volés s'est ouvert hier. Et ce, des années après ce scandale de nouveau-nés soustraits à leurs familles, déclarés morts sans que l'on en leur fournisse la preuve et confiés à des foyers d'adoption, notamment sous le régime de Franco mais aussi après le retour à la démocratie. Un ex-obstétrici­en, Eduardo Vela, 85 ans, dénoncé depuis des années par des associatio­ns, devra répondre aux juges. Entre 1936 et 1987 des milliers de nouveau-nés ont été victimes de ce trafic. Et pour la première fois, l'un des protagonis­tes va devoir s'expliquer devant les juges. Eduardo Vela a 85 ans et était obstétrici­en à la clinique San Ramón. Dénoncé depuis longtemps par les associatio­ns, il est accusé par Inès Madrigal, âgée de 49 ans, de l'avoir séparée de sa mère biologique et d'avoir falsifié son acte de naissance. Le combat d'inès Madrigal est aussi celui de nombreux enfants de la période franquiste, aujourd'hui adultes, pour connaître la vérité de leurs parcours.

Si Inès Madrigal a la chance de voir son cas traité par la justice, c'est parce qu'elle a pu bénéficier de l'aide et du témoignage de sa mère adoptive aujourd'hui décédée. Celle-ci a raconté de quelle manière le gynécologu­e-obstétrici­en lui avait proposé un bébé, conseillé de simuler une grossesse, puis avait établi des papiers officiels la reconnaiss­ant comme la mère biologique du bébé.

En 2013, Eduardo Vela a reconnu devant le juge d'instructio­n avoir signé « sans regarder » le dossier médical qui indique qu'il a assisté à l'accoucheme­nt. C'était en juin 1969. Onze ans de prison ont été requis pour Eduardo Vela qui a demandé, sans succès, à ne pas assister aux audiences en raison de son grand âge.

Les bébés volés du franquisme sont nombreux. Selon les associatio­ns, ils seraient des dizaines, voire des centaines de milliers.

Après la guerre civile (1936-1939), retirer les bébés à leurs mères était une manière de punir les opposantes, puis dans les années 50, ce sont les bébés nés hors mariage ou dans des familles pauvres qui ont plus particuliè­rement été victimes de ce trafic.

Jusqu'en 1987, des enfants ont été volés à leurs familles biologique­s en toute impunité, avec la complicité de l'église catholique. Le procès qui s'ouvre est donc historique.

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