Le Temps (Tunisia)

Un pays malade du racisme

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Les actes de xénophobie et les agressions à caractère raciste se multiplien­t au Liban, sur fond d’une montée des tensions liées à la présence de plus d’un million de réfugiés syriens, soit le quart de la population. Cette situation est alimentée par le durcisseme­nt du discours d’une partie de la classe politique à l’égard des déplacés syriens.

Deux incidents relayés en boucle par les réseaux sociaux à quelques jours d’intervalle ont provoqué un tollé au Liban.

Le premier a impliqué un petit Soudanais expulsé d’une garderie à la demande d’une mère libanaise qui ne voulait pas que son fils côtoie un enfant de couleur.

Le deuxième incident est plus grave. Une vidéo montre un homme en train de battre sauvagemen­t deux femmes de couleur, qui sont à terre. Il les traîne par les cheveux en leur assénant des coups de poings et de pieds et en les injuriant.

Les domestique­s, cibles des tensions raciales

Selon la première version, il s’agissait de deux employées de maison kenyanes, qui auraient été agressées par un soldat de l’armée libanaise, son épouse et des proches, sans raison apparente, uniquement à cause de la couleur de leur peau.

La seconde version, fournie par l’armée libanaise, affirme que les deux jeunes femmes étaient en état d’ébriété et que l’une d’elle aurait frappé sur la tête d’un militaire accompagné de son épouse à l’aide d’une bouteille. C’est un civil qui aurait battu les deux Kenyanes et non pas le militaire.

La haine en vidéo

Quelle que soit la vraie version, la scène filmée montre un déchaineme­nt de haine raciale sans précédent. Le scandale a pris une telle proportion dans un pays comme le Liban, ouvert sur le monde, que le ministre de la Justice a demandé au parquet militaire de se saisir de l’affaire. L’agresseur, le militaire et son épouse ont été arrêtés. Les deux employées de maison aussi sont derrière les barreaux, sous prétexte qu’elles ne disposent pas de papiers en règle. Des associatio­ns antiracist­es et de défense des droits des travailleu­rs étrangers ont pris fait et cause pour les deux Kenyanes. L’affaire est désormais entre les mains de la justice.

Le quartier de Bourj Hammoud sous tension

Cet incident s’est déroulé dans un quartier qui connait de fortes tensions, en raison notamment de la présence de dizaines de milliers de réfugiés syriens. Il s’agit de Bourj Hammoud, quartier à majorité arménienne, mais qui accueille de fortes communauté­s de travailleu­rs africains, des réfugiés syriens et des Kurdes. Après une bataille rangée qui a opposé il y a plus d’un an, des Arméniens et des Kurdes, les élus locaux ont essayé de calmer les esprits et de mieux protéger le quartier et ses habitants.

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