Le Temps (Tunisia)

Cordialeme­nt votre…

- Samia HARRAR

Entre gens de bonne compagnie, il n’est pas question de s’insulter en se regardant dans le blanc des yeux. Il faut que l’accent demeure feutré et le verbe courtois. Il n’est pas question, encore moins, d’en venir aux mains pour se départager en cas de litige sérieux.

Alors, que faut-il faire ? Se toiser, dédaigneus­ement puis se tourner le dos en mettant fin à la discussion, bien avant qu’elle n’ait été entamée ? Ou bien afficher une cordialité feinte, avant de s’effacer devant l’intérêt suprême de la nation en y mettant les formes, tout en se battant pour sa chapelle en catimini parce que la nature humaine est ainsi faite, qu’on ne lâche jamais rien sans rien ?

Taboubi et Chahed devront choisir. Sachant que chacun est forcément dans son rôle et qu’il doit, en ce cas, jouer son vatout pour obtenir à l’arrachée ce pour quoi il se bat, et ce pourquoi il a été mandaté en tâchant de se rappeler, dans la foulée, qu’il ne s’agit pas d’une question personnell­e mais du destin d’un pays qui peut basculer, d’un bord l’autre, si tout le monde persiste à camper sur ses positions. Sans lâcher du lest ou ménager une aire d’entente afin de trouver des compromis solvables, pour qu’au final, le pays, encore une fois, c’est-à-dire le peuple, n’ait pas à en pâtir, sachant qu’il a assez donné et qu’il aimerait bien maintenant, recevoir en retour, les fruits de son infinie patience.

Mais en politique, comme en termes de négociatio­ns sociales, rien n’est jamais gagné d’avance. Et il faut marcher sur des oeufs, en essayant de faire le moins de dégâts possibles dans le paysage, dans un contexte économique où, à l’échelle locale comme à l’internatio­nal, rien n’est donné. Mais attention, marcher sur des oeufs, c’est une expression : au prix que ça coûte ! Alors évitons les oeufs…

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