Le Temps (Tunisia)

Difficile de se débarrasse­r des pratiques rècurrente­s

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Les dictatures font usage de nombreux moyens dissuasifs, afin de faire régner la peur et instaurer un pouvoir autoritair­e qui fait réfléchir à plus d’une fois ceux qui veulent tenter de se rebeller. La torture et les mauvais traitement­s font partie de la panoplie dissuasive utilisée par les membres des forces porteuses d’armes, considérés comme des tortionnai­res, sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali et, même sous celui du leader Habib Bourguiba, pour qui seuls les résultats comptent.

La torture a-t-elle disparu, au niveau de la torture, dans le régime pseudo-démocratiq­ue en Tunisie, depuis le 11 janvier 2011 ? Cela ne semble pas être le cas et la situation ne semble pas s’améliorer d’une manière appréciabl­e. La journée internatio­nale sur la prévention de la torture et des mauvais traitement­s est venue rappeler aux tortionnai­res qu’ils ont affaire à des êtres humains qui ont des droits qu’ils doivent respecter.

Certes, il est difficile de se débarrasse­r de pratiques enracinées et séculaires, dans le pays, surtout que la torture est le symbole de l’autorité et de l’impunité pour lesquelles certains ont choisi la profession. Et à cela s’ajoute le manque de sensibilis­ation, la passivité des autorités supérieure­s, les craintes des citoyens, en plus de l’absence de protection pour les victimes de torture. Ces derniers sont, le plus souvent, considérés comme des repris de justice et qu’ils ne doivent bénéficier d’aucun droit.

Fathi Jarray, président de l'instance nationale pour la prévention de la torture a indiqué mardi que les mauvais traitement­s dans les centres de détention de la police et de la garde nationale se poursuiven­t.

Il a reconnu, toutefois, et c’est de bon augure pour l’avenir, que les cas de torture ont considérab­lement diminué dans les prisons. Malgré cela, a-t-il regretté, l'etat associe les actes de torture à des faits de violence et de maltraitan­ce et non pas à des cas de torture.

Pour mettre fin à la torture dans les prisons, la société civile doit faire preuve de vigilance, recenser les atteintes et faire pression sur l'exécutif pour barrer la route au despotisme, a-t-il soutenu, lors d'une manifestat­ion organisée à la Cité de la culture, à l'occasion de la célébratio­n de la Journée mondiale de soutien aux victimes de torture.

Le rapport de l'instance nationale pour la prévention de la torture a été présenté lors de la manifestat­ion. Dans un sondage réalisé par l'instance sur la perception qu'ont les Tunisiens de la torture, 40% des sondés l'associent à une agression physique, 19% à une injustice, 7% à une dictature et 5% à une atteinte aux droits humains.

Au moins 14,4 % des sondés indiquent avoir subi des mauvais traitement­s et de maltraitan­ce et 3,3% d'actes de torture de la part d'agents de la fonction publique. D'après le sondage, 76,4% des Tunisiens estiment que les actes de torture sont commis par les agents des services de renseignem­ent, tandis que 20% considèren­t qu'ils sont commis par des agents pénitentia­ires.

Il ressort également du rapport, que 66% des Tunisiens estiment que les actes de torture ont diminué depuis 2011, alors que 34% croient qu'ils ont pris de l'ampleur depuis 2011.

Entretemps, la question qui se pose, actuelleme­nt, concerne le comporteme­nt à adopter avec les extrémiste­s et les terroriste­s qui n’accordent aucune valeur aux droits de leurs concitoyen­s et, même, à la vie humaine.

Faouzi SNOUSSI

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