Le Temps (Tunisia)

Les Vingt-huit face au défi migratoire

-

La question de la gestion des flux migratoire­s n’est certes pas le seul dossier de poids à l’ordre du jour bruxellois des vingt-huit chefs d’état et de gouverneme­nt, mais elle écrase tous les autres thèmes, tant elle est à la fois grand-public et politiquem­ent chargée. Angela Merkel, devant le Bundestag, a plaidé pour une solution européenne et des négociatio­ns avec les pays africains.

Les positions antagonist­es sont connues : les quatre pays d’europe centrale ne veulent accueillir aucun migrant, pas même les réfugiés reconnus par les Nations-unies et que les convention­s internatio­nales leur font obligation de protéger.

Ceci fait obstacle au système de répartitio­n équitable des réfugiés, en particulie­r syriens, entre les vingt-huit pays de L’UE, pourtant régulièrem­ent adopté par les ministres européens. C’est un camouflet sans précédent à deux principes fondamenta­ux de l’union européenne : la solidarité entre pays-membres, et le respect des décisions prises en commun. Renforceme­nt de Frontex

Mais, paradoxale­ment, la tonitruant­e priorité donnée au contrôle des flux migratoire­s par les partis au pouvoir en Autriche, en Hongrie, en Italie (sans oublier la Bavière) devrait aboutir à consacrer la défense des frontières extérieure­s de L’UE, en premier lieu par le renforceme­nt de la Force européenne de Garde-frontières et de Garde-côtes, dont les effectifs passeront à plus de 10 000 agents.

On n’est plus en période électorale, et plus personne ne soutient sérieuseme­nt que l’on peut se replier efficaceme­nt à l’intérieur de ses frontières nationales ; l’approche paneuropée­nne s’impose donc tout naturellem­ent. Où établir les centres d'accueil ?

Mais il y a aussi l'épineuse question des centres d'accueil. L'autriche soutient l’idée d’en établir à l'extérieur de l'union, où les migrants pourraient déposer leurs demandes d’asile. La France comme l’espagne plaident à l’inverse pour l’instaurati­on de centres d’accueil fermés sur le sol européen. Ils seraient installés près des zones de débarqueme­nt des migrants, c’est-àdire essentiell­ement en Italie et en Grèce.

Mais Rome n’en veut pas. Giuseppe Conte arrive lui aussi avec une série de propositio­ns parmi lesquelles la création de centres pour les migrants dans les pays de transit en Afrique du nord. Accords bilatéraux

Angela Merkel, sous la pression de son ministre de l’intérieur qui veut des mesures pour empêcher les migrants de se déplacer librement d’un pays à l’autre de l’union, tente, faute de mieux, de conclure des accords bilatéraux. C'était l'essence même de son discours, ce jeudi matin, devant le Bundestag : « Nous devons négocier avec les Etats africains si nous voulons que leurs concitoyen­s ne quittent plus leurs pays pour gagner l'europe en mettant leur vie en danger, en payant beaucoup d'argent à des passeurs et en soutenant des structures criminelle­s. Ces migrants ont très peu de chance d'obtenir un droit de séjour en Europe Migrants en Libye et nous devons discuter avec les pays africains de leur rapatrieme­nt. »

« Mais il nous faut aussi trouver des moyens de dissuader ces migrants de mettre leur vie en danger en traversant le désert, poursuit la chancelièr­e. Nous devons discuter d'égal à égal et non pas décider seuls pour les Africains. Comme avec la Turquie, nous devons trouver des accords qui profitent aussi à ces pays et qui prévoient une migration légale pour des étudiants ou à travers des offres d'emplois.

En aucun cas, nous ne devons prendre des mesures seuls qui seraient condamnées à l'échec. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia