Le Temps (Tunisia)

Le cabinet des missions difficiles

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L’annonce de la formation du nouveau gouverneme­nt a été accueillie avec satisfacti­on par les secteurs-clés de l’élite égyptienne, et cela pour plusieurs raisons. Si la performanc­e de certains ministres sortants n’était pas satisfaisa­nte, la plupart des nouveaux venus sont connus de l’opinion publique grâce à leur succès dans les postes qu’ils avaient occupés auparavant. De plus, la moyenne d’âge du nouveau cabinet est relativeme­nt jeune, notamment en ce qui concerne les ministres adjoints. Un autre fait doit également être souligné, à savoir la proportion des femmes ministres, qui atteint près de 25% (8 ministres sur 33). Je me rappelle comment la nomination d’une femme ministre dans les années 1960 fut un grand événement. Aujourd’hui, on a le droit d’être d’autant plus fiers que la nomination de ces femmes ne répondait pas à un souci de parité. En fait, chacune a derrière elle un parcours profession­nel honorable, ce qui nous rassure d’ailleurs sur l’exploitati­on des potentiels de la moitié de notre société.

La formation de ce cabinet s’est également distinguée par le secret qui l’a entourée. Les consultati­ons ont eu lieu dans la discrétion la plus complète, à tel point qu’on n’a découvert les nouveaux ministres qu’au moment de la prestation de serment. Par le passé, les consultati­ons du futur premier ministre pour la formation de son gouverneme­nt étaient trop médiatisée­s. Ce qui donnait lieu à toutes sortes de pressions et de chantages pour exclure un tel et en imposer un autre.

Une mission aussi difficile qu’exceptionn­elle attend le nouveau gouverneme­nt. Il suffit de souligner que sa formation coïncide avec le début d’un nouveau mandat présidenti­el. Un mandat pour lequel le président a défini des objectifs stratégiqu­es susceptibl­es, s’ils sont atteints, de réaliser un changement qualitatif dans la vie des Egyptiens. Le président a parlé d’un pays moderne, fondé sur la liberté et la démocratie, un pays déterminé à retrouver sa place parmi les autres nations à l’échelle régionale et internatio­nale. Il a parlé du développem­ent humain, comme première priorité, soulignant notamment l’enseigneme­nt, la santé et la culture comme domaines prioritair­es. C’est en soi un programme de travail pour le nouveau gouverneme­nt. Mais le président a aussi parlé d’un vrai développem­ent politique qui n’exclut que ceux qui ont choisi la violence, l’extrémisme et le terrorisme. C’est un programme difficile auquel nous devons tous participer et trouver les meilleurs moyens de l’accomplir.

La mission du nouveau gouverneme­nt est aussi difficile parce qu’il commence son travail au moment où des décisions difficiles sont prises en matière de réforme économique. Le président est convaincu de l’importance d’accélérer les réformes même si, pour les citoyens, le prix à payer est élevé. Il parie sur l’endurance et la lucidité des Egyptiens. Le nouveau gouverneme­nt est donc responsabl­e de faire réussir ces réformes avec le moins de dégâts, ce qui implique une transparen­ce vis-àvis des Egyptiens, qui doivent être informés de l’ampleur des difficulté­s et des défis qui les attendent. Cela implique également un contrôle strict sur les commerçant­s et autres intermédia­ires dans les chaînes d’approvisio­nnement qui, souvent, exploitent la situation économique pour décupler la souffrance des consommate­urs. Enfin, le nouveau gouverneme­nt doit faire en sorte de renforcer le système de protection sociale, surtout pour les plus démunis, en étudiant l’impact de la réforme économique sur ces couches sociales.

Face à ces objectifs difficiles qui viennent s’ajouter au programme de redresseme­nt économique et à la guerre contre le terrorisme, je prie le nouveau premier ministre, qui est connu pour ses compétence­s et son honnêteté, de solliciter une plus grande participat­ion populaire, institutio­nnelle et individuel­le. Il doit écouter les syndicats profession­nels et ouvriers, les unions estudianti­nes, les partis politiques sérieux, les intellectu­els et les spécialist­es dans les divers domaines, ainsi que toute personne susceptibl­e de donner un conseil utile.

Parmi les problèmes chroniques figure aussi celui de la bureaucrat­ie et de la paperasser­ie administra­tive. Je reconnais qu’une avancée a été réalisée dans l’informatis­ation de certains services administra­tifs, sauf que les citoyens courent toujours d’un guichet à l’autre pour accomplir la moindre formalité. Une avancée dans le dossier de la gestion des déchets et de la propreté est aussi primordial­e:

Les idées sont là et n’attendent que d’être mises en oeuvre

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