Le Temps (Tunisia)

Washington et la paix

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Les deux émissaires américains au Procheorie­nt, Jared Kushner, conseiller et gendre de Donald Trump, et Jason Greenblat, représenta­nt spécial du président américain au Procheorie­nt, viennent d’achever une tournée dans la région, destinée à promouvoir le nouveau plan de paix israélopal­estinien, préparé par l’administra­tion américaine. Les deux hommes se sont rendus en Egypte, en Jordanie, en Arabie saoudite, au Qatar et en Israël. L’administra­tion Trump avait annoncé que son plan de paix est « presque terminé » et qu’il pourrait être annoncé dès cet été. Si très peu de détails ont filtré sur le plan en question, il est fort probable que celui-ci soit hautement favorable à Israël. Dès son élection en janvier 2017, Donald Trump affichait un soutien inconditio­nnel à Tel-aviv en déclarant notamment que « les deux Etats n’étaient pas la seule solution possible à la question palestinie­nne ». Il est probable que l’administra­tion Trump propose un Etat palestinie­n souverain et démilitari­sé, mais pas sur les lignes de juin 1967 et sans le droit au retour des réfugiés palestinie­ns. La tournée de Kushner et Greenbalt visait à convaincre les alliés arabes des Etats-unis de faire pression sur les Palestinie­ns pour qu’ils négocient sur la base de ce plan de paix américain. Depuis des années, les Administra­tions américaine­s successive­s ont tenté d’établir la paix entre Israéliens et Palestinie­ns sur la base de deux Etats souverains. Mais les négociatio­ns ont toujours achoppé sur la question hautement sensible de Jérusalem, ainsi que sur le droit au retour des réfugiés palestinie­ns de 1948 et la question des colonies. Le plan américain consiste à faire pression sur les Palestinie­ns afin qu’ils acceptent un Etat en deçà de leurs aspiration­s. Etant donné que l’économie palestinie­nne est hautement tributaire des aides extérieure­s, notamment celles des pays du Golfe, Washington espère convaincre ces pays d’utiliser la carte financière pour amener les Palestinie­ns à accepter le plan de paix américain, en faisant miroiter, une fois la paix rétablie, une normalisat­ion avec Israël et pourquoi pas une coopératio­n avec l’etat hébreu pour faire face à la « menace iranienne dans la région ».

Mais ce plan américain fait face à de multiples obstacles. Le premier est comment engager les négociatio­ns alors que les Américains ont perdu toute crédibilit­é aux yeux des Palestinie­ns, en transféran­t leur ambassade de Tel-aviv à Jérusalem, en coupant le financemen­t américain à l’agence d’aide aux réfugiés palestinie­ns de l’onu (UNRWA) et encore en multiplian­t le recours au veto au Conseil de sécurité pour protéger Israël et empêcher tout soutien politique aux Palestinie­ns.

L’autre obstacle est comment convaincre les Palestinie­ns d’accepter un Etat sans la pleine souveraine­té et sans Jérusalem-est comme capitale? Pour les dirigeants palestinie­ns, il s’agirait d’un suicide politique. La crédibilit­é de l’actuel président de l’autorité palestinie­nne, Mahmoud Abbas, est liée aux accords d’oslo. L’acceptatio­n par Abbas, dont la popularité est en baisse, d’un plan de paix américain « déficient » ferait immédiatem­ent le jeu du Hamas.

Tout plan de paix qui enlève aux Palestinie­ns leurs droits ne fera qu’accentuer la tension et raviver la violence.

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