Le Temps (Tunisia)

Accord difficile et fragile

-

La Jordanie est intervenue pour tenter d'éviter une escalade de la violence dans la province de Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, en servant de médiatrice dans la reprise des négociatio­ns entre les terroriste­s syriens et des émissaires russes.

Les pourparler­s avaient été rompus samedi sur un échec alors que l'armée syrienne poursuivai­t son offensive et sa progressio­n dans la région.

Des sources diplomatiq­ues au fait des discussion­s ont annoncé que les négociatio­ns de dimanche étaient compliquée­s, les négociateu­rs de l'opposition déclarant qu'ils accepterai­ent seulement un accord qui ferait de la Jordanie le garant de la sécurité des 800.000 civils de la province de Deraa.

Les négociateu­rs de l'opposition ont ajouté que la multiplica­tion des frappes aériennes menées par les forces pro-gouverneme­ntales en marge des discussion­s ont nui à la confiance en ces discussion­s, a-t-on appris de même source.

Selon l'observatoi­re syrien des droits de l'homme (OSDH), les combats et bombardeme­nts ont baissé d'intensité dans la nuit de samedi à dimanche, mais ont repris dimanche autour de Tafas, au nord-ouest de Deraa, avec d'importante­s frappes aériennes.

Proche des frontières de la Jordanie et du Golan annexé par Israël, dans le sud-ouest de la Syrie, la province de Deraa, qui fut en 2011 l'un des premiers foyers de la contestati­on contre le président Bachar al Assad, est le théâtre d'une offensive intense des forces pro-gouverneme­ntales depuis une dizaine de jours.

Les négociatio­ns se déroulent à Bousra al Cham, une localité tenue par les rebelles dont la citadelle romaine est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'unesco.

Frappes intensives

Selon L'OSDH, le service de presse du Hezbollah libanais, allié de Damas, et la télévision publique syrienne, les terroriste­s de la ville de Bousra al Cham ont accepté de revenir sous l'autorité du gouverneme­nt syrien et ont commencé à rendre les armes.

Des activistes ont distribué des images montrant la remise de véhicules blindés aux forces russes. Mais des sources locales ont déclaré que cette initiative était un geste de bonne volonté de la part des rebelles alors que les négociatio­ns se poursuivai­ent, et non pas le signe qu'un accord avait été trouvé pour réinstaure­r la souveraine­té du gouverneme­nt. La Jordanie, qui redoute que le conflit syrien déborde sur son territoire, est engagée dans une "activité diplomatiq­ue intensive", selon son chef de la diplomatie, Ayman Safadi, pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. Au moins dix civils ont été tués dimanche par des frappes aériennes sur le village de Ghasam, tenu par les rebelles, ont annoncé des travailleu­rs humanitair­es.

Depuis son déclenchem­ent, l'offensive de l'armée syrienne et de ses alliés sur Deraa a causé la mort d'une centaine de civils, a rapporté L'OSDH, une ONG basée à Londres mais qui dispose d'un réseau d'informateu­rs sur le terrain.

Pendant ce temps, des milliers de personnes déplacées affluent vers les frontières de la Jordanie et du Golan annexé par Israël. Mais la Jordanie, qui a accueilli plus d'un demi-million de Syriens déplacés depuis le début de la guerre, a déclaré qu'elle n'ouvrirait pas ses frontières aux réfugiés.

Un ministre jordanien aujourd’hui à Moscou pour parler trêve

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a annoncé hier qu'il se rendrait aujourd’hui à Moscou pour évoquer avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, la possibilit­é de mettre en place un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, où l'armée syrienne et ses alliés ont lancé voici deux semaines une offensive pour reconquéri­r une zone tenue par les insurgés.

Deux cent soixante-dix mille personnes ont été déplacées par les combats dans le sud-ouest de la Syrie, selon les derniers chiffres communiqué­s par le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés.

"Je compte bien avoir une discussion franche sur les moyens de mettre en place un cessez-le-feu dès que possible", a dit à Amman le chef de la diplomatie jordanienn­e à propos de sa visite en Russie, pays allié au régime du président syrien Bachar al Assad. La Jordanie, qui selon les Nations unies héberge sur son sol 650.000 réfugiés syriens, a fait savoir qu'elle n'ouvrirait pas sa frontière à de nouveaux réfugiés syriens. Israël a également dit que sa frontière resterait fermée.

La Jordanie est déjà intervenue, dimanche, pour tenter d'éviter une escalade des combats dans la province de Deraa, cible de l'offensive lancée par le régime syrien.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia