Le Temps (Tunisia)

L'UA cherche des moyens pour s'autofinanc­er

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Le 31e sommet des chefs d’etats de l’union africaine se tient En Mauritanie ces 1er et 2 juillet 2018. Une rencontre à laquelle une vingtaine de dirigeants prennent part, avec en tête une priorité : faire le point sur les réformes institutio­nnelles initiées par le président rwandais Paul Kagame. L’un des enjeux de cette réforme consiste à permettre aux Etats africains de financer eux-mêmes cette institutio­n.

Tout est parti d’un constat : plus de 80% du budget de l’union africaine provient de donateurs extérieurs, ce qui limite son autonomie. Certains pays cumuls des arriérés et ne parviennen­t pas à s’acquitter de leur cotisation annuelle. Résultat : de nombreux projets restent lettre morte. Pour Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’union africaine, la réforme passe par un effort financier des Etats membres. « On ne le répétera jamais assez : sans autonomie financière, notre ambitieux agenda 2063 ne sera qu’un catalogue de bonnes intentions et notre prétention au leadership continenta­l, et à l’appropriat­ion africaine, rien d’autre qu’un voeux pieux », avertit le diplomate tchadien.

C’est ainsi qu’est né le projet d’une taxe de 0,2 % que chaque Etat devrait prélever sur certains produits importés. Le but est de permettre aux membres de L’UA d’apporter des contributi­ons de manière régulière. « Chaque Etat prélève 0,2 % sur les importatio­ns éligibles et ouvre un compte Union africaine à la Banque centrale, et pour s’acquitter de sa contributi­on statutaire annuelle, ce qui est prélevé, est transféré du compte à la banque centrale, directemen­t au compte de l’union africaine au siège, à Addis-abeba, indique le Professeur Pierre Mukoko Mbonjo, qui dirige l’unité de mise en oeuvre de la réforme institutio­nnelle. C’est une manière d’avoir une source de financemen­t pérenne, prévisible et soutenable. »

Objectif : 400 millions de dollars d'ici 2020

Cette taxe n’est une idée nouvelle. La Communauté des Etats d’afrique de l’ouest, la Communauté économique des Etats d’afrique centrale et la Communauté économique et monétaire de l’afrique centrale se financent déjà sur ce modèle. Pour l’heure, 23 pays l’ont adoptée au sein de L’UA. « L’objectif est d’arriver à 400 millions de dollars par an d’ici 2020, explique le professeur Pierre Mukoko Mbonjo. La première année, c’est 65 millions de dollars. Au moment où je vous parle, nous avons dépassé 45 millions de dollars. C’est un fait sans précédent… sans avoir toutes les contributi­ons. C’est un fait sans précédent, que ce soit dans l’histoire de l’organisati­on de l’unité Africaine ou de l’union africaine », s’enthousias­me ce responsabl­e.

Seulement il faut encore du temps pour convaincre certains pays d’adhérer à système. « Tout changement nécessite beaucoup d’arbitrage et nous touchons là à des domaines qui en général sont régaliens, observe Tiéman Coulibaly, le ministre Malien des Affaires étrangères. Je pense qu’il y a certains Etats qui ont besoin de s’organiser en interne, qui ont besoin de changer quelques paramètres dans leurs finances publiques, pour pouvoir donner satisfacti­on à cette mesure de l’union africaine. »

Autre projet qui suscite tout autant de bouleverse­ment : l’instaurati­on d’une zone de libre-échange à l’échelle du continent.

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Une partie des dirigeants africains présents au 31e sommet de L'UA à Nouakchott

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