L’UGTT sur sa lancée pour faire chuter le gouvernement
Taboubi annonce des protestations sociales à partir de 10 juillet
L’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) poursuit sa guéguerre contre le président du gouvernement, Youssef Chahed. Alors que le landerneau politique bruissait de rumeurs sur un réchauffement des relations entre les deux parties dans le sillage de la relance de l’engagement du gouvernement à majorer les salaires dans le secteur public et à mettre en oeuvre l’accord conclu en novembre 2017 sur la régularisation de la situation des ouvriers des mécanismes 16 et 20, des syndicalistes fichés par la police et des travailleurs de chantiers, la puissante centrale syndicale est revenue à la charge.
Prévisible et attendue, la candidature de Souad Abderrahim, du mouvement islamiste Ennahdha, a finalement été retenue pour la présidence de la municipalité de Tunis ; une municipalité symbolique et une réussite importante, puisqu’il s’agit là de la première femme à avoir décroché un poste pareil en Tunisie et au monde arabe.
Le nouveau poste de Souad Abderrahim servira grandement à son mouvement qui pourra s’en vanter aussi bien au niveau national qu’international pour prouver sa mutation d’un mouvement religieux vers un parti civil prônant, essentiellement, les valeurs de la République et de la démocratie. Une ligne politique que le mouvement essaie d’affirmer depuis son 10e congrès, tenu en mai 2016, où il a officiellement annoncé la séparation définitive entre le volet politique et le volet religieux. Deux ans plus tard, Ennahdha réussit à élire une femme, non-voilée de surcroît, à la tête de la plus grande et importante municipalité. Un coup de maître qui ne pourra pas être remis en question, même si le président du conseil de la choura du mouvement, Abdelkarim Harouni, a déclaré, la vielle de ladite victoire, qu’ennahdha « n’acceptera jamais de marchander avec le Halal et le Haram », en commentant le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE).
Ce genre de déclarations extrémistes de la part des dirigeants islamistes passera désormais inaperçu face à la grandeur de leur accomplissement avec la municipalité de Tunis… La faute à qui ? La question qui tue à chaque déception électorale, législative ou gouvernementale. La faute à qui ? La faute au consensus, certainement mais la faute, aussi, à ceux qui se sont autoproclamés grands moralisateurs de la scène politique. Le Front populaire vient, de nouveau, jouer la sainte-nitouche en bloquant le candidat de Nidaa Tounes, facilitant ainsi la victoire de Souad Abderrahim.
Suite à cette victoire, les sympathisants du Front populaire ont tenté d’expliquer, sur les réseaux sociaux, que la réussite de la concernée représente, malgré tout, une victoire pour la femme tunisienne et que « malgré les divergences qu’on a avec les islamistes, Souad Abbderrahim est, au final, une femme non-voilée qui a juste des idées différentes des nôtres et le dialogue peut donner des solutions rapides et efficaces ».
De son côté, le président du bloc parlementaire du mouvement de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, a dénoncé une alliance entre Ennahdha et l’union civile (en citant Mohsen Marzouk et Ridha Belhadj) affirmant que c’est les candidats de l’union civile qui ont soutenu la candidature de Souad Abderrahim. Une version démentie sur les réseaux sociaux où plusieurs ont affirmé que c’est le Front populaire et le Courant démocratique qui ont voulu bloquer le candidat de Nidaa Tounes et qui ont donc offert le poste à la candidate d’ennahdha sur un plateau d’argent. Quoiqu’il en soit et loin de toutes ces accusations politiques, le résultat est le même : Ennahdha a réussi son coup et il va pouvoir tirer d’importants profits grâce à cela.