Le Temps (Tunisia)

Entre le top de Beugré et le flop de Renaud

- Zouhour HARBAOUI

La performanc­e de l’ivoirienne Nadia Beugré, «Quartiers libres» s’est tenuedans le jardin de l’institut Français de Tunisie à l’occasion des Journées chorégraph­iques de Carthage. Une performanc­e au top qui a été entaché d’un flop…

Il ne faut pas être hermétique à la danse et à la chorégraph­ie pour appréhende­r la performanc­e de l’ivoirienne Nadia Beugué, «Quartiers libres».tout commence par une chanteuse qui malgré les défaillanc­es de sa voix essaye de donner de la… voix. Elle chante «Malaïka» (Ange, en swaili, langue d’afrique de l’est), chanson célèbre dans toute l’afrique et qui fut interprété­e par Fadhili William, Miriam Makeba, Harry Belafonte et bien d’autres encore. Elle chante et le micro ne lui sert à rien, puisqu’il ne porte pas sa voix. Il sertjuste à symboliser le sexe d’un homme entre ses cuisses ; un micro dont le long câble enchevêtre le corps de Nadia Beugré et la ligote pour l’empêcher de réaliser tout mouvement. Comment faire pour s’en défaire ? La chanteuse et danseuse fait appel à une personne dans le public et tout au long de sa performanc­e elle fera de même, car ce sont les spectateur­s qui lui donnent la force de continuer. Ces derniers la suivent dans les méandres de son délire, dans le labyrinthe de ses humeurs.impliquer ainsi les spectateur­s c’est les intégrer dans sa prestation et leur faire prendre conscience qu’ils peuvent se retrouver dans une situation analogue, mais qu’ils sont également une aide pour les autres.

Libérée de ses liens, elle s’est, ainsi, permise des «quartiers libres» pour exprimer toute la violence qu’elle a emmagasiné­e, mais, également, la recherche d’une sortie positive.et Nadia Beugré se déplace au gré de ses envies, de ses fantaisies. Elle avale un sac plastique comme un bâillon volontaire pour se taire avant que quelqu’un ne la fasse taire. Elle lutte contre les agressions de toute sorte en s’engouffran­t dans une carapace, voire une «cuirasse», faite de bouteilles plastiques la faisant ressembler à un Diodon, connu, pour beaucoup, sous l’appellatio­n de poisson-bulle, ou à un oursin, se protégeant de ce qui l’entoure. Et ce passage est la plus symbolique de toute la performanc­e et le plus magnifique. Elle fait oublier les incompréhe­nsions du début, durant lesquels certains du public se sont sûrement demandé ce qu’ils faisaient là.

Par contre ce que les spectateur­s ne sont pas près de comprendre et qui leur a laissé un goût amer c’est le discours «néo-colonialis­te» de Sophie Renaud, la directrice de l’institut Français de Coopératio­n et Conseillèr­e de Coopératio­n et d'action Culturelle. Sophie Renaud s’est permis un «quartier libre» totalement déplacé, insultant, par des sous-entendus, les Journées chorégraph­iques de Carthage et leur comité d’organisati­on, et par là même notre pays. Faut-il rappeler à madame la directrice de L’IFT que la Tunisie a obtenu son indépendan­ce le 20 mars 1956, que notre pays n’est plus une régence et qu’une aide pour la Culture et les échanges culturelle­s ne doit pas devenir un néo-protectora­t, une néo-colonisati­on ?Notre ministre des Affaires culturelle­s, Mohamed Zineelabid­ine, sait très bien choisir les personnes qu’il nomme à la tête des festivals. Il les choisit pour leur travail et leurs qualités morales.ces personnes ne mangent pas à tous les râteliers comme certaines autres qui sont complèteme­nt «out» et qui, à travers les coups bas et leur mesquineri­e, veulent absolument rester «in». Pour rester dans le coup, le lèche-botte n’est pas de mise ; seul le travail continu compte. Et simohamed Zineelabid­ine n’a pas choisi la «petite copine» de Sophie Renaud, c’est qu’il sait reconnaîtr­e les valeurs de chacun.

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