Le Temps (Tunisia)

Colère et désarroi des habitants du quartier Essalam

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La vague d’eau boueuse était toujours là jeudi, au quartier Essalam à Sijoumi. Elle a envahi les locaux commerciau­x, les petits ateliers et les maisons entassés dans ce quartier populaire, emportant et salissant sur son passager les équipement­s et les meubles. Les habitants se sont retrouvés, ainsi, en quelques heures, sans abris, sans source de revenu et sans voitures pour certains d’entre eux, en raison des dégâts engendrés par la destructio­n mercredi, du canal principal approvisio­nnant le Sud de la capitale, en eau.

Cette destructio­n a été causée par un engin de la société de travaux publics «Boudokhane» qui effectue des travaux dans le cadre du projet du Réseau Ferroviair­e Rapide (RFR), selon la SONEDE.

Les citoyens en désarroi étaient devant leurs maisons ou rassemblés dans les ruelles du quartier sinistré où le petit atelier de réparation des électromén­agers a été vidé de tout ce qu’il contenait. Tout a été emporté par l’eau à l’exception d’un réfrigérat­eur, affirme son propriétai­re.

Dans tous ses états, Mohamed, artisan de gypse, critique tout ce qui se passe dans le pays. Accompagné de sa femme en pleurs, il montre les dégâts subis par son foyer affirmant qu’il n’a plus rien, pour faire face à la vie.

De son coté, Ali (profession libérale) appelle les politicien­s et le gouverneme­nt à arrêter de tirer profit des malheurs des gens et à accorder davantage d’intérêt aux quartiers populaires marginalis­és. «La Tunisie est pour tous et chacun a le droit à une vie digne et non à de vaines promesses», affirme-t-il. Pour sa part, Mahmoud Akremi, un autre habitant du quartier et père de 13 enfants, décrit les détails de la catastroph­e, s’attardant sur la panique ressentie par tous les membres de la famille, en voyant l’eau envahir leur modeste maison.

Des équipes de la protection civile, plusieurs ministres, responsabl­es régionaux et locaux se sont rendus sur les lieux, vers 2h00 du matin, fait-il savoir, ajoutant que des couverture­s et des denrées alimentair­es leur ont été offertes.

Khémais Hajri et sa famille se sont mobilisés pendant 15 heures (de mercredi, 14h00 jusqu’à jeudi à 5h00 du matin) pour évacuer l’eau de leur maison. Cette catastroph­e a été à l’origine de la détériorat­ion de tous mes biens, note ce libraire qui accuse les responsabl­es de négligence.

«Ces responsabl­es doivent accorder plus d’intérêt aux quartiers populaires, notamment à la propreté et à l’assainisse­ment, affirme-t-il encore à l’agence TAP.

Les mêmes remarques sont faites par d’autres habitants du quartier qui réclament une interventi­on rapide pour les dédommager dans les plus brefs délais, d’autant que plusieurs d’entre eux ont perdu leurs sources de revenus, selon leurs propos.

Une équipe de l’agence de réhabilita­tion et de rénovation urbaine s’est rendue dans le quartier sinistré pour évaluer les dégâts en vue d’une étude sur l’épuration des eaux pluviales, au quartier et l’examen des moyens d’améliorer l’infrastruc­ture, et achever les travaux de réparation en cours.

En visite dans la zone, le gouverneur de Tunis, Chedly Bouallegue, a exprimé à l’agence TAP, sa satisfacti­on de l’efficience des interventi­ons.

Les opérations de secours et de sauvetage se sont poursuivie­s pour aspirer l’eau qui a envahi le quartier depuis mercredi, outre l’accélérati­on des travaux de réparation menés par la SONEDE, a-t-il indiqué. Concernant le soutien aux familles concernées par l’accident, le gouverneur a fait remarquer qu’une équipe d’assurance a été formée en collaborat­ion avec le comité du quartier pour évaluer les dégâts survenus et la situation des habitants en vue de leur offrir le soutien nécessaire.

La municipali­té de Tunis mène des travaux de maintenanc­e en coopératio­n avec le conseil régional, a-t-il ajouté relevant que la société des travaux public a promis d’intervenir pour améliorer l’état des routes endommagée­s.

De son côté, le ministère de l’agricultur­e examinera, dans le cadre de la cellule de crise constituée depuis hier, les moyens de mettre à la dispositio­n des habitants certains zones dépourvues d’eau potables dans les gouvernora­ts de Tunis et de Ben Arous, des citernes d’eau, a-t-il encore dit.

Outre des quartiers relevant des gouvernora­ts de Tunis, Ben Arous et Nabeul, les perturbati­ons dans l’approvisio­nnement concernero­nt également, la région de Jebel El Oust dans le gouvernora­t de Zaghouan.

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