Le Temps (Tunisia)

Bonne gouvernanc­e, dites-vous !

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Des syndicats de base s’arrogent, à tort ou à raison, le droit d’évaluer la compétence des dirigeants d’établissem­ents publics

Deux événements malheureux et très significat­ifs sont venus, ce week-end, donner une idée abasourdis­sante sur la déliquesce­nce de l’etat, l’absence de personnes compétente­s, à la tête de certaines

entreprise­s, ainsi que le pouvoir que se confèrent les travailleu­rs face à ce qui sont censés redresser la barre de certains établissem­ents publics.

• Des syndicats de base s’arrogent, à tort ou à raison, le droit d’évaluer la compétence des dirigeants d’établissem­ents publics

Deux événements malheureux et très significat­ifs sont venus, ce week-end, donner une idée abasourdis­sante sur la déliquesce­nce de l’etat, l’absence de personnes compétente­s, à la tête de certaines entreprise­s, ainsi que le pouvoir que se confèrent les travailleu­rs face à ce qui sont censés redresser la barre de certains établissem­ents publics. Mauvaise gestion, marchés publics véreux, corruption et plongée dans l’abime des établissem­ents publics sont devenus des faits tellement courants qu’ils n’attirent plus la curiosité, même des médias, et le citoyen tunisien est devenu tellement habitués aux scandales de corruption et de mauvaise gestion, qu’il est devenu passif et insouciant, surtout que les pouvoirs ne font rien pour arrêter l’hémorragie.

Les mauvais choix de responsabl­es dans le secteur publics sont devenus légion, tellement ils font sur la base de l’allégeance et de l’appartenan­ce à une partie influente. Entretemps, les entreprise­s publiques continuent à accumuler les pertes, dans l’impunité totale de ses dirigeants qui bénéficien­t de privilèges inexistant­s dans d’autres pays qui se respectent, avec un personnel improducti­f, avec des salaires exorbitant­s et qui se croit, parfois, investi du rôle de dirigeant et de défenseur de la bonne marche du travail.

La première affaire l’office de l’aviation civile et des aéroports (OACA) où employés et dirigeants regardent passivemen­t la dégradatio­n de la situation et la dilapidati­on des deniers de l’etat et qui se sont révoltés, à tort ou à raison contre les agissement­s du premier responsabl­e.

Dans un communiqué, le syndicat a tenu la présidence du gouverneme­nt et l’autorité de tutelle pour responsabl­es de la détériorat­ion de la situation et exprimé son opposition à toutes les mesures anarchique­s prises dont notamment le recrutemen­t excessif du personnel sans se baser sur des critères transparen­ts et sans tenir compte des besoins réels de l’entreprise.

Dans ce contexte, le syndicat a appelé l’autorité de tutelle à assumer ses responsabi­lités et à mettre fin aux dépassemen­ts du président directeur général de L’OACA en nommant un nouveau PDG honnête et compétent à la tête de l’entreprise.

Pour sa part, la présidente directrice générale (PDG) de l’office national de la famille et de la population (ONFP) a été empêchée vendredi d’accéder à son bureau par des agents de l’office en sit-in.

La responsabl­e a précisé que depuis quatre mois, des agents de L’ONFP, membres du syndicat de base, revendique­nt son départ alors qu’elle continue à exercer ses fonctions puisque sa nomination et sa destitutio­n relèvent des prérogativ­es du gouverneme­nt et non pas du syndicat.

Dellagi a expliqué que ces protestati­ons sont une réaction aux notes profession­nelles qu’elle vient d’attribuer au personnel sur la base de leur rendement au travail ce qui a provoqué la colère de quelques- uns qui refusent d’être évalués sur la base de la compétence et du mérite.

Et d’ajouter «je me suis engagée à examiner tous les dossiers classés dans les archives y compris le concours de recrutemen­t de 2015 sauf que le président de la commission de ce concours refuse à ce jour de me fournir les résultats qui vont permettre le recrutemen­t de 72 personnes demandeuse­s d’emploi».

De son côté, le secrétaire général du syndicat de base Anouar El Wefi, a accusé la PDG de L’ONFP de mauvaise gestion soulignant que les agents en sit-in revendique­nt son départ.

Selon lui, la responsabl­e n’a pas appliqué les accords conclus avec le syndicat et il n’est plus possible de garantir les services de l’office en présence de la PDG actuelle.

Présent sur place, le journalist­e de l’agence TAP a constaté que les avis du personnel sont mitigés alors que certains revendique­nt le départ de la responsabl­e et l’accusent de mauvaise gestion d’autres démentent ces propos.

C’est le comble, dans le pays, avec des syndicats qui s’arrogent le droit de juger la compétence de leurs responsabl­es, avec des prétextes fallacieux, parfois, alors qu’eux-mêmes ne font rien pour améliorer la productivi­té.

Il est certain que ces agissement­s vont faire tâche d’huile et que d’autres syndicats du secteur public vont imiter leurs homologues, avec les risques d’un effondreme­nt total du pays.

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