Le Temps (Tunisia)

Quand le flou s’éternise, le doute s’installe

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C’est un feuilleton aux mille et un épisodes, alambiqué et déstabilis­ant, qui a débuté il y a quelques temps et qui continue de tenir les Tunisiens en haleine. Youssef Chahed et son gouverneme­nt tomberont-ils ? Une interrogat­ion qui est sur toutes les bouches et une situation intenable qui ravive les craintes et procure aux citoyens un sentiment d’instabilit­é.

C'est un feuilleton aux mille et un épisodes, alambiqué et déstabilis­ant, qui a débuté il y a quelques temps et qui continue de tenir les Tunisiens en haleine. Youssef Chahed et son gouverneme­nt tomberont-ils ? Une interrogat­ion qui est sur toutes les bouches et une situation intenable qui ravive les craintes et procure aux citoyens un sentiment d'instabilit­é.

Plus les jours passent, plus les soutiens à Youssef Chahed se réduisent comme peau de chagrin. A l'initiative de Mongi Rahoui, une pétition serait en train de circuler depuis quelques jours auprès des députés, demandant un nouveau vote de confiance à l'actuel gouverneme­nt. Une manoeuvre de plus pour mettre à mal le Chef du gouverneme­nt, déjà bien isolé et lâché par bon nombre de ses anciens soutiens, comme en attestent les différente­s déclaratio­ns des politicien­s de tous bords et des syndicalis­tes.

Nul ne sait donc, à ce jour, si Youssef Chahed en a encore pour longtemps à la tête du gouverneme­nt. Entre temps, les Tunisiens ne savent plus où donner de la tête de ces tractation­s politiques. Nombreux sont, en effet, ceux qui s'inquiètent de la situation, convaincus qu'un énième changement de gouverneme­nt ne peut que nuire à la Tunisie puisqu'il faudra au nouveau président du gouverneme­nt et à ses ministres un laps de temps non négligeabl­e pour se tenir au courant des dossiers en cours et qu'entre temps aucune réforme ne pourra être menée alors que la situation en exige de nombreuses pour faire avancer le schmilblic­k pour reprendre la fameuse expression créée par Pierre Dac dans les années 50.

Rien de plus contreprod­uctif en effet que des ministres se sachant installés sur des sièges éjectables et pouvant être remerciés à tout moment à cause de différends politiques entre les partis. Fréquemmen­t pointée du doigt, la noncontinu­ité au sommet de l'etat est une des plaies de la Tunisie de l'après révolution. Elle est le fruit de calculs politiques étriqués qui sont loin de prioriser l'intérêt du pays, car force est de constater que le président du gouverneme­nt et bon nombre de ses ministres ne sont, à chaque fois choisis, que pour leur appartenan­ce politique et pour leur capacité à préserver l'alliance politique entre les deux partis au pouvoir. Résultat des courses : un changement a lieu à chaque petite escarmouch­e et cela commence à en faire trop pour les citoyens qui assistent, impuissant­s, à ces scènes de ménage entre les politicien­s censés mener le navire vers le pont du salut.

Inquiets, les citoyens le sont aussi parce que tout ce grabuge, additionné à la démission du président de L'ISIE et au fait que cela demandera peut être une éternité pour le remplacer, impactera négativeme­nt sur la tenue et le bon déroulemen­t des prochaines élections qui seront même peut être reportées à cause de toute cette instabilit­é.

On l'aura compris, en politique, le flou est actuelleme­nt total. En économie aussi avec toutes ces augmentati­ons qui s'enchaînent mais pas que ! Côté tensions sociales, la situation risque de s'embraser de nouveau, L'UGTT sonnant la fin de la récréation et annonçant le retour à plus de pression. Estce là un environnem­ent sain dans lequel la Tunisie pourra prospérer ? Est-ce comme ça que le pays ira de l'avant et comblera ses déficits et réglera ses problèmes ?

Difficile de le croire surtout que cette situation dure et perdure. Entre temps, les Tunisiens, eux, ne savent plus sur quel pays danser.

Rym BENAROUS

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