Le Temps (Tunisia)

Hypocrisie humanitari­ste

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Dans leur fuite devant l'avancée des forces gouverneme­ntales syriennes en direction de Deraa, les groupes terroriste­s ont abandonné derrière eux une grande quantité d'armes dont des mortiers et des missiles antichars hautement sophistiqu­és. L'arsenal tombé entre les mains des militaires syriens se compose d'armes de fabricatio­n soit américaine, française ou israélienn­e qui sont à l'évidence parvenues aux groupes terroriste­s par les frontières jordanienn­e et israélienn­e avec lesquelles la région sud et sudest de la Syrie est limitrophe. C'est pour prendre le contrôle de cette voie par où les groupes terroriste­s reçoivent leur armement que l'armée syrienne a entrepris l'offensive dont les mêmes puissances qui approvisio­nnent ces derniers réclament avec véhémence l'arrêt.

Il n'est rien de plus légitime pour Damas qui a repris le contrôle de pratiqueme­nt la totalité du territoire national que de vouloir parfaire celui-ci en réinstalla­nt son autorité sur la région sud dans laquelle les groupes rebelles terroriste­s n'ont pu se maintenir qu'en étant soutenus et approvisio­nnés à partir de l'etat sioniste et de la Jordanie. Les « sponsors » de la rébellion antirégime syrien ont compris que la bataille pour Deraa et sa région a sonné le chant du cygne pour celleci, mais ils tentent d'en exorciser l'inéluctabi­lité du résultat en essayant d'obtenir pour elle un « arrangemen­t » qui la préserve d'une défaite dont elle ne sera plus capable de se relever. L'arrangemen­t qu'ils ont voulu arracher à Damas par l'entremise de son allié russe a consisté en la conclusion d'un accord par lequel en contrepart­ie de l'arrêt de leur résistance à l'avancée des forces gouverneme­ntales dans le sud du pays, les groupes terroriste­s obtiennent de se retirer de la région en conservant l'armement lourd dont ils disposent encore. Preuve s'il en est que les parties étrangères qui réclament cette sorte d'accord n'ont pas renoncé à mettre fin à la guerre par procuratio­n qu'elles font en Syrie. Les autorités syriennes qui ne sont pas dupes du calcul qui est derrière le forcing fait par ces parties pour les amener à consentir à un accord avec les rebelles en déroute ont refusé l'arrangemen­t.

Dans la région sud de son territoire, la Syrie est frontalièr­e avec deux Etats, Israël et la Jordanie, qui sont parties prenantes à fond dans la coalition étrangère vouée à faire tomber le régime de Bachar El Assad. Il n'est nullement par conséquent question pour Damas de conclure un accord avec la rébellion qui en est originaire dans les conditions posées par celle-ci et ses « sponsors », et cela pour la simple raison qu'il lui permettrai­t d'échapper à sa totale mise hors de combat et lui laisserait entrevoir la possibilit­é d'un retour offensif à un moment ou à un autre. C'est le sort de cette rébellion qui fait s'agiter ses protecteur­s et réclamer que l'armée syrienne stoppe son offensive dans le Sud et nullement celui de la population civile effectivem­ent éprouvée par les combats qui se déroulent. L'hypocrisie de l'alarme humanitair­e dont ils font montre s'agissant de ce qui se passe dans le sud de la Syrie est amplement décelable à travers le silence total qu'ils observent sur la tragédie humanitair­e à laquelle donne lieu au Yémen et plus précisémen­t à Hodeïda l'offensive menée là par leurs alliés de la coalition arabe.

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